La dimension missionnaire du travail pour une spiritualité incarnée
(1ère partie)
La cohérence qui doit caractériser la vie du chrétien tiendrait dans l’équilibre du binôme « ora et labora ».
». L’homme étant le sujet du travail et l’action subjective qu’il déploie par son travail étant « actus personae », l’action de travailler l’engage entièrement. Jean-Paul II l’exprimait bien : « c’est l’homme tout entier qui participe au travail, avec son corps, comme avec son esprit, indépendamment du fait qu’il soit un travailleur manuel ou intellectuel »1 . La parole de Dieu s’adressant à l’homme intégral, c’est une parole qui engage aussi la vie de travail.
La première mission de l’Eglise par le travail est d’entrer en collaboration avec Dieu qui en le créant, le place au sommet de l’univers pour en être l’intendant et le continuateur par toutes ses œuvres. Il devient son interlocuteur privilégié et a une responsabilité spéciale de la terre. Le Concile Vatican II en donne la mesure quand il précise bien par rapport à la valeur de l’activité de l’homme que :
plus grandit le pouvoir de l’homme, plus s’élargit le champ de ses responsabilités personnelles et communautaires. On voit par là que le message chrétien ne détourne pas les hommes de la construction du monde et ne les incite pas à se désintéresser du sort de leurs semblables : il leur en fait au contraire un devoir plus pressant .2
La spiritualité du travail qui se dégage de cette première considération, est la spiritualité de la responsabilité dans l’engagement au travail. Se savoir considéré et engagé avec Dieu à la transformation du monde, voilà une piste de conception qui donne de l’importance à l’engagement citoyen du chrétien au travail et stimule la créativité qu’il est appelé à déployer au service de la vie. Conséquemment, lorsque des terres ne sont pas cultivées, des livres ne sont pas écrits, des travaux ne sont pas réalisés, des ressources dûment exploitables ne les sont pas parce que les talents pour le faire sont enfouis par paresse ou par notre négligence, nous choisissons le parti de l’inachèvement et nous ne faisons pas justice aux dons de Dieu. Voyez comment notre pays continue d’avoir besoin de nous sur plusieurs plans dans la vie sociale que nous menons : depuis les secteurs d’activité où chacun de nous a une responsabilité jusqu’aux domaines de la vie sociale abandonnés à cause de la négligence de tous. Que la spiritualité de la responsabilité nous donne d’accueillir la vérité que « l’heure de l’action a maintenant sonné » comme l’annonçait le pape Paul VI dans la lettre encyclique PopulorumProgressio. L’action dont il s’agit n’est pas de l’activisme ou de l’agitation mais l’engagement conscient de répondre de la beauté du monde et d’œuvrer à la gloire de Dieu par le travail qui transforme le milieu humain en un cadre qui fasse véritablement la gloire de Dieu.
Père Colbert GOUDJINOU
Directeur de l’IAJP/CO
1 - JEAN-PAUL II, Lettre encyclique LaboremExercens 24, 1 : AAS 73, 1981, 637..
2 - CONCILE OECUMENIQUE VATICAN II, Constitution Pastorale Gaudium et Spes n° 34 : AAS 58, 1966, 1052.
3 - PAUL VI, Lettre Encyclique PopulorumProgressio, n° 80 : AAS 59, 1967, 4, 297.