Ce qui est visé fondamentalement par les droits de l’homme pour que l’on tienne à leur universalité, inviolabilité et inaliénabilité est le respect de chacun et de tous et la promotion du bien de la personne ainsi que de la société dans son ensemble. C’est aussi partant des droits de l’homme bien respectés que les différences culturelles peuvent devenir une richesse et non objet de discrimination. Il revient alors à chaque milieu d’en travailler le caractère juridique pour leur pleine observance.
Père Colbert GOUDJINOU
Directeur de l’IAJP/CO
1- L’adjectif milliaire renvoie aux bornes placées au bord des voies romaines pour indiquer les mille. Parler de pierre milliaire, c’est parler des bornes à ne pas franchir sur les chemins de l’humanité.
2- JEAN-PAUL II, Discours à l’Assemblée Générale des Nations Unies (2 octobre 1979), 7 : L’Osservatore Romano, Edition Française, 9 octobre 1979, 7. Pour Jean-Paul II, cette déclaration « demeure l’une des expressions les plus hautes de la conscience humaine de notre temps ».
3- CONSEIL PONTIFICAL JUSTICE ET PAIX, Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise, n°153 § 2, Editions du Cerf, Paris 2005, 85.
4- JEAN XXIII, Lettre Encyclique Pacem in Terris : AAS 55, 1963, 278-279.
5- JEAN-PAUL II, Message pour la Journée mondiale de la Paix 1999, 3 : AAS 91, 1999, 379.
- L’universalité des droits de l’homme vient de leur application à tout homme, à chaque homme et à tout l’homme, en tout contexte géographique et en tout temps.
- L’inviolabilité des droits de l’homme est à comprendre comme leur aspect contraignant et impératif. C’est donc un devoir de les respecter toujours et partout.
- L’inaliénabilité des droits de l’homme signifie le caractère inné de ces droits. Jean-Paul II l’exprime par le fait que « personne ne peut légitimement priver de ces droits l’un de ses semblables, quel qu’il soit, car cela signifierait faire violence à sa nature 5».
De l’acception des droits de l’homme
La sensibilité aux questions d’humanité, fruit de la conscience de la dignité de l’homme, fait que partout dans le monde se mettent en branle des mouvements revendiquant le respect des droits de l’homme. Aussi l’Eglise est-elle soucieuse de l’homme dans la société et dans une vision globale de l’histoire. Il ne saurait en être autrement pour toute obédience religieuse au service de l’homme. En conséquence, aucune d’elles ne saurait, de façon crédible, se soustraire à de tels mouvements de lutte pour les droits de l’homme.
Les droits de l’homme sont en fait la traduction en normes obligeantes des conditions d’actualisation et d’effectivité de la dignité de l’homme. En ce sens, la déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948 est communément appréciée. Jean-Paul II la qualifie justement de « pierre milliaire 1 placée sur la route longue et difficile du genre humain 2». C’est donc en raison de sa dignité que l’homme est objet et sujet de droits. Ces droits de l’homme sont davantage prisés et ont un caractère plus contraignant quand on les lie à la source transcendante de toute vie. On perçoit ainsi également le caractère transcendant des droits de l’homme. Comme l’exprime bien le Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise : « La source ultime des droits de l’homme ne se situe pas dans une simple volonté des humains, dans la réalité de l’Etat, dans les pouvoirs publics, mais dans l’homme lui-même et en Dieu son Créateur 3». Car si les droits de l’homme étaient le seul fruit de la pensée humaine, quand changeraient nos centres d’intérêts, les droits pourraient être comme soumis à une géométrie variable au gré de la fantaisie humaine. La vie de l’homme serait ainsi exposée et simplement soumise à la loi du plus fort à en décider. Reconnaître le caractère transcendant des droits de l’homme, c’est accueillir la vérité de la transcendance de toute vie et lier la vie à son origine incommensurable. C’est dans cet ordre d’idée que la pensée sociale de l’Eglise présente les droits de l’homme comme « universels, inviolables et inaliénables 4».
Copyright © 2010-2015 IAJP / Chant d'Oiseau. Tous droits réservés.
Adresse : 04 BP 578 Cotonou, Bénin
Tel : (00229) 21 30 29 30 / 21 30 57 51 / 21 30 51 59
Fax : (00229) 21 30 99 62
www.chantdoiseau.net ou www.iajp.net