La dimension missionnaire du travail pour une spiritualité incarnée
(2e partie)
Une deuxième mission que le travail accomplit au plan de notre vie spirituelle, c’est de nous associer à l’œuvre du Christ Rédempteur. En effet, tout dans notre humanité en quête d’accomplissement se réfère à Lui, « Centre du cosmo et de l’histoire »1 . C’est ainsi que pour la vie de travail, on en accueille la noblesse en voyant que le Fils de l’homme lui-même a passé une bonne partie de sa vie terrestre comme charpentier à l’école de Joseph, son père nourricier. La description de Lartigolle est bien concrète à ce sujet :
Il faut bien savoir –et dire – que notre religion a été fondée par un ouvrier, un authentique ouvrier ; non par un moine contemplateur ou par un prophète guerrier comme telle ou telle autre, mais un ouvrier dont la qualification professionnelle est bien connue : faber, charpentier ; exactement un de ces petits artisans du bois comme en nécessitait encore récemment une économie rurale de type primitif : charpentier, menuisier, charron tout à la fois. Voilà le Christ ! .2
La pratique du travail par le Christ montre combien il apprécie et respecte le travail de l’homme. Vivre d’une spiritualité incarnée du travail, c’est aussi aujourd’hui apprécier à sa juste valeur notre travail et celui des autres en leur manifestant respect et considération quel que soit le corps de métier auquel ils appartiennent. Le travail est si noble et important à la vie de l’homme que Saint Paul lui-même n’hésitait pas à dire aux chrétiens de Thessalonique : « Si quelqu’un ne veut pas travailler qu’il ne mange pas non plus » (2 Th 3, 20).
La spiritualité du travail en est donc une, qui encourage l’effort. Le Christ lui-même témoigne : « mon Père est toujours à l’œuvre et moi aussi je suis à l’œuvre » (Jn 5, 17). L’horizon d’espérance de notre travail est aussi bien défini. Saint Paul le situe dans la lettre au Colossiens : « Quoi que vous fassiez, travaillez de toute votre âme, comme le Seigneur et non pour les hommes, sachant que vous recevrez du Seigneur l’héritage en récompense » (Col 3, 24). On le voit bien, la paresse n’a rien à voir avec la vie chrétienne et ce n’est pas rendre honneur et gloire à Dieu que d’abandonner ses responsabilités en passant toute sa journée à l’Eglise. L’équilibre nécessaire est de donner le temps qu’il faut à chaque chose, en sachant que le zèle, l’ardeur au travail peut être une prière, telle une offrande d’agréable odeur à Dieu.
Père Colbert GOUDJINOU
Directeur de l’IAJP/CO
1 - JEAN-PAUL II, Lettre encyclique RedemptorHominis, 1, 1 : AAS 71, 1979, n°4, 257.
2 - LARTIGOLLE, J., Vocation chrétienne du travailleur moderne, (Essai sur la théologie du travail), Lethielleux, Paris 1964, 92.