Le sens subjectif du travail
Le sujet du travail, c’est l’homme, c’est du moins ce que souligne le sens subjectif du travail. En ce sens, c’est l’homme qui, dans sa capacité de décider et de s’autoprogrammer, accomplit le travail. Et il travaille en tant que personne, même s’il peut être impliqué à divers niveaux de la vie professionnelle. En référence à l’indication biblique de la domination de la terre par l’homme, cette domination implique une dimension éthique, en tant que l’homme en est le sujet. La dimension éthique est mise en jeu, car l’homme comme sujet, s’il est conséquent envers lui-même, ne saurait faire œuvre de domination n’importe comment. Le style de gestion de la vie n’est pas, de fait, sans effet sur la qualité de la vie de l’homme. Une sagesse béninoise, consciente des principes qui régissent la vie énonce qu’on ne scie pas l’arbre sur lequel l’on voudrait s’asseoir « e non sen atin e ji e non junjon an ». L’éthique et la question du chômage ou du sous-emploi des jeunes posent d’énormes problèmes. En dehors de son effet négatif sur les personnes qui en sont victimes, une telle réalité bouche fondamentalement l’horizon du futur et compromet aussi l’engagement dans le mariage.
Plusieurs situations déterminent la vie de travail chez nous au Bénin, par rapport à l’importance de la personne humaine. Ce sont :
-La situation des vidomegon (les enfants placés sous tutelle) ;
-Les vendeurs à la sauvette avec ce que cela implique pour eux d’insécurité et de précarité ;
-La question du manque de formation pour un travail plus scientifiquement géré et plus rentable ;
-Le problème de l’éducation et du recyclage permanent ;
-L’appel à l’esprit d’initiative pour une gestion plus créative de la rentabilité des activités productives, depuis la réflexion sur le processus de production jusqu’aux possibles formes d’association pour être plus performants ;
-Le problème de l’insécurité grandissante dans le travail ;
-La question de la protection sociale du travail et l’observation des moments de congés, de vacances ou de loisirs ;
-La question de l’assurance santé pour le travailleur et sa famille ;
-La question du passage de l’apprentissage à l’emploi ;
-La relation travail et vie de famille : les familles à la croisée des chemins pour les fonctionnaires internationaux ;
-Le risque d’instrumentalisation de l’homme au service du travail : le travail est fait pour l’homme et non l’homme pour le travail.
Ce sens subjectif entre en jeu, car c’est l’homme qui est le sujet du travail.Un élément qui confirme la dignité de l’homme au travail, c’est que « Celui qui, étant Dieu, est devenu en tout semblable à nous, a consacré la plus grande partie de sa vie sur terre au travail manuel, à son établi de charpentier ». Nous y accueillons le travail comme une bonne nouvelle ainsi annoncée par la pratique qu’en a eu le Fils de Dieu Lui-même. Le fondement de la dignité du travail réside là, dans l’importance ou les valeurs intérieures de celui qui l’exécute. C’est donc avec toutes ses qualités intérieures que la vie de travail est appelée à s’actualiser chez l’homme. « Le premier fondement de la valeur du travail est l’homme lui-même, son sujet »1 . On comprend dans cette optique que l’homme ne doive pas être instrumentalisé au service du travail. « Le travail est avant tout pour l’homme et non l’homme pour le travail. » Pour un dépassement et l’instauration d’un travail plus digne ou plus décent, tenir compte :
-du salaire minimum ;
-de l’âge minimum pour travailler ;
-de la Protection (couverture) sanitaire pour le travailleur et sa famille ;
-du droit d’association pour défendre ses droits (accomplissement donc de ses devoirs) ;
-de la Promotion de la formation continue pour un travail toujours plus créatif ;
-du respect des temps de travail et de repos : promotion de la dimension subjective du travail(LaboremExercens n°6) – (le BIT parle de travail décent).
Père Colbert GOUDJINOU
Directeur de l’IAJP/CO
1 - JEAN-PAUL II, Lettre encyclique LaboremExercens, n°6 § 6.