La valeur « liberté » et sa mise en œuvre dans la vie personnelle et sociale
Définition sommaire :
Par liberté, on entend généralement ce qui n’est soumis à aucune contrainte. Agir librement est, dans ce sens, agir sans contrainte. C’est donc des êtres vivants, capables de se mouvoir sans être entraînés par la nécessité qui peuvent jouir de la liberté. Mais, dans le règne du vivant, on distingue tout de même des êtres conditionnés par des éléments génétiques encodés. Ces êtres sont plus conditionnés et programmés que libres. C’est le cas des neuro-dorsaux qui réagissent de la même manière à un même type de stimulation. Ils n’ont pas le pouvoir de suivre ou de ne pas suivre leurs instincts, déterminés qu’ils sont par leur nature. Ils sont donc moins libres.
Les êtres véritablement libres sont ceux marqués par une volonté d’effectuer des choix, des choix basés sur un discernement. La réflexion, l’évaluation et la délibération entrent alors en jeu. Mais, définir la liberté comme absence de contrainte doit faire faire les comptes avec deux conséquences majeures des déterminismes de la vie :
Conséquences
En un premier lieu, la liberté peut être mise en œuvre sans que l’on n’en ressente les effets dans le monde. En effet, des circonstances extérieures peuvent s’imposer à nous, contrecarrant ainsi notre décision d’accomplissement d’un acte.
En un second lieu, dans le monde réel, « dire » n’est pas « faire ». Parfois, ce sont les désirs et passions qui finalement nous gouvernent et ont raison de nos vœux pieux. Ce sont là deux limitations concrètes à la liberté.
Du spécifique de la liberté humaine
Dans la vie de l’homme, pour situer comme il faut la liberté dont il doit jouir, il faut partir de sa conception anthropologique. C’est à cette quête de sa conception anthropologique que répond la question, qu’est-ce-que l’homme ?
A la question qu’est-ce-que l’homme, nous avions répondu au début de notre aventure des mots du mois, en le situant, entre autres, comme « un être créé à l’image et à la ressemblance de Dieu », un être doté d’une dignité personnelle. A cette perception anthropologique est lié le sens de la liberté de l’homme. Elle est contraignante par rapport à l’exigence de respect de chacun et de tous qu’elle postule, et implique un climat de responsabilité.
La liberté suppose toujours la responsabilité, pour qu’elle ne devienne pas ennemie d’elle-même. Sans limite, elle devient libertinage. Quand on choisit une chose, on ne saurait l’accomplir en choisissant en même temps son contraire. Le choix libre est contraignant. C’est comme naviguer à vue, que de vouloir vivre d’une liberté entendue comme autonomie personnelle sans limites. Le Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise précise en reprenant l’instruction Libertatis conscientia : « Loin de s’accomplir dans une totale autarcie du moi et dans l’absence de relations, la liberté n’existe vraiment que là où des liens réciproques, réglés par la vérité et la justice, unissent les personnes » 1
La liberté est ce qui permet à chaque membre de la société de se réaliser dans ce qu’il porte de profondément unique comme personne. Elle implique le choix du culte, de l’obédience politique dans cette capacité donnée d’exprimer son point de vue. La pertinence de la liberté se mesure dans son articulation avec le bien commun, l’ordre publique et le sens de responsabilité.
Etre libre, c’est savoir dire « oui » et savoir dire « non » quand la situation l’exige, afin de contribuer au bien personnel et social. La liberté suppose donc la capacité de discernement pour faire des options et s’engager en consonance avec le bien commun.
Père Colbert GOUDJINOU
Directeur de l’IAJP/CO
1- CONGREGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Instruction Libertatis conscientia, 26 : AAS 79, 1987, 564-565