Une société où honneur est rendu à la vérité est une société où l’arbitraire sous toutes ses formes règne le moins possible. Quand la vérité est piétinée, on assiste à un contexte relativiste où chacun a sa vérité et devient la mesure. Or, précisément, l’homme ne peut être sa propre loi, au risque que l’arbitraire s’installe et que tout finisse en dictature de la loi du plus fort.
Pour l’édification d’une vie sociale où une place raisonnable est donnée à l’altérité, il faut la relation à la vérité, relation à laquelle travaille le contexte éducatif, au point où ce soit le dicton aristotélicien : « amicus Plato sed magis amica veritas » (Platon est mon ami, mais la vérité m’est plus amie que Platon) qui prévale.
Et pour le chrétien en définitive, la vérité n’est pas seulement une idée ; elle est une personne, Jésus Christ : « Moi je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ». (Jn 14, 6). Adhérer à Jésus Christ est conséquemment pour le chrétien et pour tout homme de bonne volonté le chemin par excellence pour rejoindre la vérité de l’homme dans le dessein de Dieu.
Cette vérité de l’homme dont le Christ est la personnification nous montre l’homme comme un « homo capax Dei » (un être capable de Dieu), comme le dit Saint Augustin. En Jésus, nous avons deux natures sans confusion ni mélange : la nature humaine et la nature divine. Jésus est donc vrai Dieu et vrai homme ; il est l’homme dans sa dimension profondément humaine tel que l’incarnation l’explique et le Fils de Dieu, né du Père avant tous les siècles. De cette profonde union entre l’humanité et la divinité s’accueille la possibilité de notre humanité d’avoir accès à la divinité. En l’homme d’ailleurs, l’âme, principe de vie et d’animation, comme le définit le dictionnaire Lalande, est le réceptacle de cette immortalité et l’instance capable de communication avec Dieu, parce que l’âme est réalité spirituelle et Dieu, comme dit Saint Jean, est esprit (Cf. Jn 4, 24).
La vérité de l’homme tient dans cette tension vers Dieu, tension qui l’élève au-dessus de la pure matérialité. Et vouer la vie de l’homme seulement à la matérialité, c’est le réduire à l’absurde, car si tout ce que l’homme se donne la peine de faire se conclurait simplement à la dimension historique des choses, la vie de l’homme serait vraiment triste. Saint Augustin a bien perçu cette tension de l’homme vers les choses sublimes, vers l’Etre par excellence, quand dans sa quête de Dieu, il parvient à la belle conclusion : « Tu nous as faits pour Toi Seigneur et notre cœur est sans repos, tant qu’il ne demeure en Toi » . Telle est la vérité de l’homme en Jésus Christ.