A la découverte du Principe du bien commun : une actualisation pour cette période préélectorale.
Le bien commun, entendu comme : « cet ensemble de conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée » (Gaudium et Spes n°26) est un concept dont l’actualisation est porteuse de richesses inouïes pour la vie sociale d’une nation.
Dans son ouvrage, l’Homme et l’Etat, Jacques Maritain donne d’en approfondir la définition : « Le bien commun n’est pas seulement la somme des avantages et des services publics que l’organisation de la vie commune propose, tels qu’un sain régime fiscal, une force militaire suffisamment puissante, l’ensemble des justes lois, des bonnes coutumes et des sages institutions qui donnent sa structure à la société politique, l’héritage de ses grands souvenirs historiques, de ses symboles et de ses gloires, de ses traditions vivantes et de ses trésors de culture. Le bien commun implique aussi l’intégration sociologique de tout ce qu’il y a de conscience civique, de vertus politiques et de sens de la loi et de liberté, d’activité, de prospérité matérielle et de richesse spirituelles, de sagesse héréditaire inconsciemment à l’œuvre, de rectitude morale, de justice, d’amitié, de bonheur, de vertu, d’héroïsme dans la vie individuelle des membres du corps politique, dans la mesure où toutes ces choses sont, d’une certaine façon, communicables et font retour à chaque membre, l’aidant à perfectionner sa vie et sa liberté de personne et où elles constituent dans leur ensemble la bonne vie humaine de la multitude ».1
En ce contexte préélectoral au Bénin, vivre la conscience du bien commun, conduit de façon cohérente à ne pas brader entre autre l’héritage de grands souvenirs historiques de notre nation : telle la Conférence des Forces Vives de Février 1990. Car, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir. Exiger dans un tel contexte aux candidats aux élections de savoir considérer d’où nous venons historiquement dans leur programme (et les voir s’appliquer réellement en son temps à actualiser une telle conscience, une fois parvenus au pouvoir), c’est faire œuvre d’une lucidité qui fasse de la vie sociopolitique au Bénin un héritage vivant qui se construise dans une continuité historique solide. Alors, l’intégration sociologique, la conscience civique, les vertus politiques, la sagesse culturelle et les vertus morales sont prises en compte. La paix advient donc comme conséquence subséquente à la sauvegarde du bien commun ainsi défini dans son lien intrinsèque aux valeurs historiques, culturelles, matérielles et spirituelles.
Œuvrer pour le bien commun aujourd’hui chez nous en cette période de fièvre électorale, c’est travailler à déshonorer l’argent-roi qui prend en otage partis politiques et candidats se sabordant stratégiquement pour des promesses d’argent ou de postes.
C’est l’heure de s’éveiller, grâce à la richesse que constitue le bien commun à sauvegarder, pour savoir combattre en vue de sa poursuite par les candidats qui postulent à prendre en main les destins de notre pays. Ce faisant, non seulement l’essentiel du vivre ensemble est sauvé, mais aussi la voie s’ouvre pour un développement humain intégral, c'est-à-dire un développement de tout homme et de tout l’homme béninois.
Citoyen béninois, souviens toi et poursuis résolument l’expression et la possibilité de réalisation du bien commun dans les propositions de projet de société qui te sont présentés. Alors, ton suffrage t’offrira de travailler à une histoire humainement digne, politiquement mûre, moralement et spirituellement soutenable.
Père Colbert GOUDJINOU
Directeur de l’IAJP/CO