A la découverte du principe du Bien commun
A la découverte du principe du Bien commun
Au nombre des principes de réflexion de la Doctrine Sociale de l’Eglise, nous avons commencé depuis quelques mois à en examiner le premier et primordial : la dignité de l’homme. Ce principe a un sens et des retombées qui déterminent le vivre ensemble en société de façon qualitative. On peut continuer à en tirer les implications pour la vie personnelle et sociale dans tous les domaines. Mais nous voudrions nous en arrêter là, pour passer en revue un second principe de réflexion en Doctrine Sociale de l’Eglise, connexe au principe de la dignité de l’homme : le principe du Bien commun.
Le bien commun, comme le définit la Constitution pastorale Gaudium et Spes, pour l’Eglise dans le monde de ce temps, est l’« ensemble des conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée ». En tant que tel, le bien commun n’est pas un objet, une réalité matérielle. C’est un ensemble de conditions propices autant à l’individu qu’à la société.Il intègre la dimension spirituelle même, d’où la « totalité » dont parle Gaudium et Spes n°26.
C’est un principe qui tire son origine « de la dignité, de l’unité et de l’égalité de toutes les personnes ». Et puisque ce n’est qu’ensemble que l’on peut atteindre le bien commun, sa recherche garantit un meilleur équilibre de la vie sociale dans l’intégration de toutes les dimensions et composantes qui la constituent. Rechercher la réalisation du bien commun, c’est se mettre véritablement au service de l’être humain, de tout homme et de tout l’homme. Etre profondément humain, voilà le grand défi à relever, que ce soit par les contenus pédagogiques dans l’orientation de la vie de la personne que par les programmes ou projets de sociétés politiques.
Qu’il nous soit permis à ce sujet de rapporter ici un témoignage fort expressif du Président Francesco PANEBIANCO (retrouvé au musée international de la mémoire à Ferramonti de Tarsia en Italie) au sujet du contexte pédagogique et son défi d’humanisation :
« Cher professeur,
Je suis un survivant d’un camp de concentration. Mes yeux ont vu ce qu’un être humain ne devrait jamais voir : des chambres à gaz construites par des ingénieurs instruits ; des enfants tués avec du poison par des médecins bien formés ; des nourrissons tués par des infirmières ; des femmes et des enfants tués et brulés par des diplômés d’écoles supérieures et d’universités.
Je suis donc méfiant envers l’éducation. Ma requête est la suivante : aider vos élèves à devenir des êtres humains. Vos efforts ne doivent jamais produire des monstres éduqués, des psychopathes qualifiés, des Eichmann instruits.
La lecture, l’écriture, l’arithmétique ne sont pas importantes si elles ne servent pas à rendre nos enfants plus humains.»
(Cette lettre, reportée en 1996 dans le journal « Le monde », a été envoyée par un président américain aux enseignants au début de l’année scolaire)
Etre humain, voilà le grand défi anthropologique à relever et que la recherche du bien commun permet au niveau sociopolitique et au niveau même de la dimension intérieure de la vie de l’homme. Ce défi d’humanité est à relever envers soi-même, envers les autres et dans le cadre des relations internationales.
Viser la sauvegarde du bien commun permet :
- La promotion intégrale de la personne et de ses droits fondamentaux
- L’engagement pour la paix
- L’organisation du pouvoir de l’Etat dans un ordre juridique fiable
- La sauvegarde de l’environnement
- La prestation des services essentiels aux personnes, garantissant les droits de l’homme que sont : l’alimentation, le logement, le travail, l’éducation et l’accès à la culture, aux moyens de transport, à la santé, à la libre circulation des informations et la liberté religieuse, et
- La coopération internationale
De façon particulière, entrer dans la dynamique de la recherche du bien commun en ce contexte préélectoral au Bénin, c’est entrer dans une sincère démarche de coopération à la construction du bien historiquement réalisable, par le choix de cultiver un esprit de cohésion et de sauvegarde de l’unité nationale inaugurée par la Conférence des Forces Vives de la Nation de Février 1990 ; et ne laisser aucun fauteur de division pour régner y porter atteinte. Cela passe par notre choix civique d’assumer avec conscience notre droit de vote dans la proposition du candidat qui nous inspirerait confiance par le réalisme de son projet de société qui promeuve l’humain et l’harmonie sociale. Ce réalisme passe par une capacité à discerner chez le candidat aux élections sa possibilité à cibler des priorités pour ne pas mal étreindre en voulant tout embrasser.
Entrer dans la dynamique de la recherche du bien commun en ce contexte préélectoral au Bénin, c’est promouvoir tout ce qui aide à affronter dans la vérité des priorités pour un bien être individuel et social dans le respect des personnes et de leur capacité à donner sens à leur vie de relation avec la Transcendance.
Père Colbert GOUDJINOU
Directeur de l’IAJP/CO