Prenons-nous la mesure de l’exigence démocratique comme nécessité de sortir de toute forme d’enfermement sur soi pour entrer dans l’articulation symphonique de nos différences ? Avons-nous compris l’importance de chacun pour savoir le valoriser, défiant toute forme de catégorisation partisane ou d’instrumentalisation de l’autre ? Sommes-nous prêts à faire de la pluralité une chance pour le monde ? Tel est le possible trésor de la démocratie dans la dimension personnaliste qu’en donne la Doctrine Sociale de l’Eglise.
Père Colbert GOUDJINOU
Directeur de l’IAJP/CO
1. L’information sur les questions importantes : Une nation démocratique se caractérise par cette possibilité de savoir ce qui se passe en son sein et en dehors de ses frontières, pour une bonne lecture ad-intra et ad-extra des événements. Cela aide à savoir adopter les dispositions appropriées aux circonstances et situations.
2. L’écoute : On peut entendre sans avoir écouté. Mais, l’écoute sollicite la conscience. Sans l’écoute, le dialogue se transforme en soliloque ou monologue. La nation démocratique est le cadre où, prêtant l’oreille à l’autre, l’on sait donner libre cours aux légitimes droits et on a le droit de se faire entendre dans les situations qui le requièrent. Ce devoir d’écouter et ce droit d’être écouté manifestent une disposition d’ouverture au monde où se jouent les enjeux de l’altérité en démocratie.
3. L’implication : C’est à ce troisième niveau que se concrétise l’information reçue ou écoutée. C’est le moment de l’engagement. La beauté d’un tel engagement réside dans la conscience des problématiques sociales et l’effort de ne pas laisser sans mise en application, ce dont on a eu l’intelligence. C’est aussi à ce stade que la pluralité qui s’exprime en contexte démocratique peut devenir une opportunité et une richesse, dans la créativité diversifiée de l’implication sociale des citoyens.
Redécouvrir le principe de démocratie et ses implications
Poursuivant notre approfondissement des principes de la Doctrine Sociale de l’Eglise, nous voudrions nous arrêter un peu plus ce mois sur le principe de démocratie. Selon le Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise, la démocratie repose fondamentalement sur la participation des citoyens et « cela comporte que les sujets de la communauté civile, à tous ses niveaux, soient informés, écoutés et impliqués dans l'exercice des fonctions qu'elle [la démocratie] remplit » 1 .
La définition du Compendium parle d’abord des « sujets de la communauté à tous les niveaux ». On comprend que l’orientation donnée par la Doctrine Sociale de l’Eglise est décidément personnaliste ; ce qui signifie que l’accent est mis sur la personne. Chaque personne est importante, parce que chacun est revêtu d’une dignité inaliénable, quelle que soit son origine, sa race, son genre ou sa classe sociale. Dans une telle optique, ce serait peu concevable et une logique peu réaliste et peu chrétienne d’être toujours en première personne, en tête de pelletons, cherchant ou pensant que les autres soient toujours aliénés à soi.
Mais, la démocratie est opératoire si le dialogue et la communication sont tenus en haute estime et servent à la bonne circularité de la communication dans la société. Cela requiert ensuite que tous « soient informés, écoutés et impliqués ». Cette communication sociale suppose :
1- CONSEIL PONTIFICAL JUSTICE ET PAIX, Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise, n° 190, Editions du Cerf, Paris 2007.
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