La subsidiarité, telle que la développe explicitement le Pape Pie XI, montre que toute intervention en matière sociale doit savoir aider la réalité considérée à son autonomie. Elle ne doit pas la supplanter, ni s’y substituer, autrement, c’est « commettre une injustice » ou « troubler » l’ordre social.
Le vœu que porte un tel principe est que le niveau inférieur ne soit aidé que pour mieux être soi, et que le niveau supérieur soit à ses tâches spécifiques. Vouloir donc l’application du principe de subsidiarité dans la réalité sociale, c’est ouvrir la voie à une responsabilité partagée dans la société, de sorte que chaque niveau de la chaîne sociale s’active à sa vocation ou à sa tâche spécifique. C’est vouloir, pour utiliser un langage simple, que chaque chose soit le meilleur de ce qu’elle est et soit à sa place.
La réalité nous fait donc distinguer deux niveaux de subsidiarité : une subsidiarité horizontale et une subsidiarité verticale.
La subsidiarité horizontale est l’aide ou le secours ou l’assistance que peuvent se donner des réalités appartenant à un même niveau de considération. C’est le cas par exemple d’étudiants de la même classe qui s’entraident selon leurscompétences spécifiques. Le type de subsidiarité qu’ils déploientest la subsidiarité horizontale. C’est le type d’aide que peuvent s’apporter des classes sociales de même ordre.
La subsidiarité verticale est, quant à elle, celle qu’une instance supérieure peut déployer envers une instance inférieure, non pour s’y substituer, mais pour la potentialiser en vue de son autonomie. C’est le cas de l’Etat envers les individus, les classes sociales ou les corps intermédiaires, pour l’aide qu’il peut leur apporter. Le Pape Pie XI précise d’ailleurs ce rôle de l’Etat quand il parle en termes de : « diriger, surveiller, stimuler, contenir, selon que le comportent les circonstances ou l’exige la nécessité ».
Le principe de subsidiarité permet donc d’établir une société dans un meilleur style de coresponsabilité et stimule ainsi la « responsabilité créativedu citoyen » 3 , comme l’affirme le Pape Jean-Paul II. Toute société qui se laisse mouler par un tel principe échapperait à toute forme de parasitisme ou toute tendance des entités supérieures à phagocyter celles mineures ou inférieures.
Père Colbert GOUDJINOU
Directeur de l’IAJP/CO
De même qu’on ne peut enlever aux particuliers, pour les transférer à la communauté, les attributions dont ils sont capables de s’acquitter de leur seule initiative et par leurs propres moyens, ainsi ce serait commettre une injustice, en même temps que troubler d’une manière très dommageable l’ordre social, que de retirer aux groupements d’ordre inférieur, pour les confier à une collectivité plus vaste et d’un rang plus élevé, les fonctions qu’ils sont en mesure de remplir eux-mêmes.
L’objet naturel de toute intervention en matière sociale est d’aider les membres du corps social, et non pas de les détruire ni de les absorber. Que l’autorité publique abandonne donc aux groupements de rang inférieur le soin des affaires de moindre importance où se disperserait à l’excès son effort ; elle pourra dès lors assurer plus librement, plus puissamment, plus efficacement les fonctions qui n’appartiennent qu’à elle, parce qu’elle seule peut les remplir : diriger, surveiller, stimuler, contenir, selon que le comportent les circonstances ou l’exige la nécessité. Que les gouvernants en soient donc bien persuadés : plus parfaitement sera réalisé l’ordre hiérarchique des divers groupements selon ce principe de la fonction de subsidiarité de toute collectivité, plus grandes seront l’autorité et la puissance sociale, plus heureux et plus prospère l’état des affaires publiques . 2
Entrer dans le principe et dans la réalité de la subsidiarité
La subsidiarité est un principe de « philosophie sociale » 1 de grande importance mis en exergue par l’Eglise dans son approche de la question sociale. Elle s’en inspire, car elle indique un mode charitable d’articulation des relations sociales, de sorte que chaque personne, chaque entité ou corps social considéré soit promu dans sa dignité et capacité de s’assumer. Si le principe habite toute la pensée sociale de l’Eglise, une définition bien expressive et devenue classique peut en être recueillie de la Lettre Encyclique QuadragesimoAnnodu Pape Pie XI qui l’énonce in extenso ainsi :
1- L’expression est du Pape PIE XI, in Lettre Encyclique QuadragesimoAnno, n°86 : AAS 23 (1931) 203.
2- PIE XI, in Lettre Encyclique QuadragesimoAnno, n°86-88 :AAS 23 (1931) 203.
3- JEAN-PAUL II, Lettre Encyclique Sollicitudoreisocialis, n°15 : AAS 80 (1988) 529.
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