L’option préférentielle pour les pauvres (approfondissement)
Le mois dernier, nous avions entamé la réflexion sur l’option préférentielle pour les pauvres. En ce mois de Mai, nous en poursuivons l’approfondissement.
Le prophétisme du Pape François par rapport au vécu de l’option préférentielle pour les pauvres tient en ce fait que, ces pauvres, loin d’être des personnes fictives, sont la réalité, cette frange très inconsidérée de notre société qui ne les calcule plus. Ils sont là à nos yeux, ils ont toujours existé, mais non seulement on faisait fi d’eux, mais aussi tout se passe comme si on les cachait, les empêchant de venir être comme des « objets » salissant pour nos belles places publiques. Tant que de nos frères humains, sans faute de leur part, sont dans ces conditions, nos consciences humaines et chrétiennes peuvent-elles être tranquilles ?
Avec le Pape François, l’évidence est faite qu’ils existent, ces pauvres, dans nos sociétés aux niveaux de vie élevés, et leur présence interpelle l’humanité du système social, par-delà des questions de responsabilité individuelle de sa vie. C’est aussi le sens d’un vécu authentique de la foi qui est mis en cause. Le Christ, par son message, interpelle la conscience de chaque croyant en Lui. Telle la péricope de Lazare et du riche (Lc 16, 19-31), c’est le moment pour nous d’ouvrir notre humanité à une authentique compassion et solidarité.
C’est le moment favorable pendant nos carêmes et par-delà nos temps de carême de ne pas passer à côté du Christ dans le frère pauvre de pain, de vêtement, d’affection, de toit, de travail, de terre hospitalière, sans poser le geste secourable possible. Alors commencera la Pâques pour nous. Car nous aurons pris la mesure du fait que notre vie sur terre est une Pâques, un passage. Nous aurons compris, non seulement que notre vie sur terre est transitoire, mais aussi qu’aucune conquête des réalités terraines n’est éternelle. La mort nous dépossèdera immanquablement. Mais cette conquête des choses terraines peut servir l’éternité si nous en faisons une chance, un chemin de fraternité et d’humanité partagée.
Vivant ainsi de l’option préférentielle pour le pauvre dans l’attention réelle à chaque frère, commence la Pâques pour nous, comme anticipation de la joie d’aimer et d’être aimé dans le Christ pour/par chaque frère humain.
Père Colbert GOUDJINOU
Directeur de l’IAJP/CO