Sortir de l'indifférence...
Le bien commun, en tant qu’ensemble des conditions qui permettent tant à l’individu qu’à la société d’atteindre sa perfection de façon plus totale et plus aisée (Cf. GS n°26), nous interpelle sur tous les plans, car tout est lié. Le pape François y insiste aussi d’ailleurs et cette expression « tout est lié »1 revient tel un refrain dans un morceau de la lettre Encyclique Laudato si’.
Si nous accueillons le fait que tout est lié, nous ne saurions demeurer dans l’indifférence à la vie de notre peuple. Nous avions montré dans le mois de février, comment la conscience du bien commun nous fait vivre aussi le vote comme une éminente expression d’amour sincère pour notre pays. Il est fait alors, non en fonction d’intérêts partisans ou de promesses de postes de responsabilité, mais surtout en tenant compte du bien de sa nation. L’on s’élève alors au-dessus de tout sentiment de région ou de considérations trop subjectives.
Ne pas demeurer dans l’indifférence face à la vie de sa nation, mieux, œuvrer pour le bien commun, c’est partir du devoir civique accompli par son suffrage exprimé avec conscience et amour patriotique, pour un engagement réel dans le travail et le soin de sa nation.
Sortir de l’indifférence, c’est donc ouvrir les yeux aujourd’hui sur sa possible et requise contribution à la vie sociopolitique de son pays. L’engagement réel dans le travail s’exprimera dans la prise en compte de la ponctualité au travail et dans l’exercice consciencieux de ses responsabilités. Comme l’exprimait Max Weber :
« Outre à l’ardeur à la besogne et à la tempérance, rien ne contribue mieux à l’ascension d’un jeune homme dans le monde que la ponctualité et l’honnêteté dans toutes ses affaires ». 2
D’ailleurs, il s’agit, mieux qu’une question de recherche d’ascension, d’une question de sens et de cohérence à donner à sa vie. Toute négligence et indolence ne fait que retarder le relèvement de son pays. Car, tout est lié. Toute incompétence, s’il ne nous fait pas prendre conscience de l’effort à fournir pour se mettre au pas, consacre l’inertie. Vivre d’un sens aigu du bien commun, c’est entrer dans ces dispositions concrètes pour un changement réel dans son style de vie au travail aussi. On fait ainsi du travail une clé pour participer au mieux au vivre-ensemble.
Sortir de l’indifférence, c’est quitter ce sens vague de citoyenneté qui fait de l’espace public un no man’s land, où l’on peut se débarrasser en toute tranquillité d’éléments encombrants : déchets de toute nature. Quelle conscience ! Quel drame d’insouciance et d’indifférence !
Pour que triomphe le bien commun, ouvrons-nous aux dimensions concrètes de notre responsabilité citoyenne. Consentons-nous ces pas sûrs vers une transformation sociale grâce à notre engagement à adopter un changement de style de vie. Cela passe à travers des dispositions concrètes comme la ponctualité et l’ardeur au travail, et par un regard renouvelé sur la conception que nous avons de l’espace public.
Une spiritualité incarnée au service du bien commun ne peut se vivre sans tenir compte de ces éléments. Car, « l’attente de la nouvelle terre, loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt le réveiller ».3
Père Colbert GOUDJINOU
Directeur de l’IAJP/CO