Croyants ou non croyants, au mois de décembre, expérimentent la sensation d’une tension vers une fin qui annonce un début : la fin d’une année et le début d’une année nouvelle. Ce qui fondamentalement marque cette période pour le monde, c’est l’événement Jésus-Christ par rapport auquel l’on ne saurait rester indifférent. Le vocable est là : c’est Noël, Dieu qui vient planter sa tente au milieu de nous(Jn1, 14) pour exprimer la plénitude de la solidarité de Dieu à notre humanité.
Marquant une césure dans les développements spécifiquement axés sur les principes de la Doctrine Sociale de l’Eglise, nous voudrions ouvrir nos yeux sur l’importance de celui qui vient, l’Emmanuel, Dieu avec nous. En effet, l’histoire de l’homme intéresse Dieu au point où « à la plénitude des temps » (Ga 4,4), il descend dans notre humanité de la manière la plus accessible possible, dans le Divin Enfant de Nazareth. François Varillon en parle en termes d’humilité de Dieu qu’il identifie comme « l’aspect le plus radical de l’amour » .1
En Lui, Dieu assume pleinement notre humanité en toute chose, excepté le péché, car c’est Lui le « Saint » de Dieu, comme le proclame Isaïe dans son mémorial (Is 6,3).
Homme, redécouvre ta dignité et la grande solidarité que Dieu te manifeste en Jésus-Christ qui te trace la voie pour avoir accès à Dieu et donner sens d’éternité à ton histoire. Cette voie d’accès à Dieu n’est pas autre que celle de l’obéissance.Et Jésus en donne l’exemple par sa vie. Tout Fils de Dieu qu’il est, il apprit l’obéissance par tout ce qu’il a souffert (He5,8). Et c’est précisément par ses souffrances qu’il nous a manifesté de façon unique sa solidarité à notre condition humaine de péché. Il a pris sur lui aussi nos souffrances et s’est chargé de nos maladies et c’est par ses blessures que nous sommes guéris, comme l’exprime Saint Pierre (1 P 2, 24 ou Is 53,4-5).
De fait, Jésus s’intéressant à toutes sortes de situations humaines, comme le présentent les évangiles, assume vraiment l’homme dans toutes les dimensions de son être. Plusieurs faits et gestes de Jésus illustrent bien cela. Nous n’en voulons pour preuve, entre autres, que la guérison de la belle-mère de Simon Pierre atteinte de fièvre (Mc1, 30-31), la libération de l’homme possédé par un esprit mauvais (Mc 1, 23-27) ou la résurrection de Lazare (Jn 11, 11-44). Par ces faits et gestes, on voit la compassion de Dieu qui se traduit en prise en charge de toute situation, physiologique, morale ou spirituelle et même la mort est transmuée en « ressuscitation » à la vie.
Tel est l’Enfant Dieu que nous contemplerons dans la simplicité de la crèche de nos maisons, de nos rues ou de nos places ou de nos Eglises. Le Signe sous lequel nous l’accueillons, c’est aussi la lumière. Ouvrons alors nos cœurs à sa lumière qui dissipe les ténèbres de nos vies, et le Christ dont nous accueillerons ainsi la lumière nous installera dans sa lumière. Car à sa lumière nous voyons la lumière (Ps 35,10). Et Dieu sera tout en tous.
Joyeux Noël et bonne année 2017à tous.
Père Colbert GOUDJINOU
Directeur de l’IAJP/CO