La lettre encyclique Laudato Si’, ou la sauvegarde de la dignité de l’homme : un appel à une conversion écologique intégrale.
--- 2è partie ---
Prendre conscience de la crise environnementale aujourd’hui et travailler à inverser positivement la tendance implique l’effort de tous et de chacun. Aux niveaux locaux par exemple, « les raisons pour lesquelles un endroit est pollué exigent une analyse du fonctionnement de la société, de son économie, de ses manières de comprendre la réalité. » (LS 139). Voilà une pensée qui interpelle le citoyen mondial et chaque réalité sociale en particulier.
En tant que citoyen béninois, par exemple, suis-je prêt à sortir de mon indifférence par rapport à l’abandon dont est l’objet mon environnement immédiat où les déchets plastiques, les déchets organiques ou ménagers, la malpropreté, l’incurie ou le manque de conscience me font facilement boucher même les conduits d’eau ou les égouts par des déchets ménagers de toute nature ? Ou encore, suis-je assez conscient pour ne plus considérer mon environnement comme un no man’s land où je jette des résidus de toute sorte durant les voyages ou déplacements en voiture ou à moto ? Sommes-nous prêts à nous engager dans un style de vie et d’éducation à la maison, dans nos familles, à l’école, au lycée ou à l’université où cette sensibilité à l’environnement est prise en compte ? Sommes-nous disposés à voter et mettre en application des lois qui libèrent nos communes et quartiers de villes des immondices ?
C’est donc d’un appel à la conscience de chacun qu’il s’agit, dans une démarche cohérente et englobante qui n’idéologise pas la nature, mais qui sache mettre l’éthique, la politique et la spiritualité au service d’une nouvelle citoyenneté dans la responsabilité de l’environnement. C’est la condition pour une durabilité dans les choix et le style de vie et de consommation aujourd’hui. Notre conversion écologique est dans cette intégralité d’approche si nous ne séparons pas la nature du sens global à donner à la vie. Nous sommes dans cette intégralité de démarche, si nous savons faire de la citoyenneté responsable, de l’éthique, de la politique et de la spiritualité, dans une logique qui lie tout, des atouts au service de cette problématique environnementale qui touche à la dignité de l’homme habitant la terre aujourd’hui et demain.
L’invitation à développer de nouvelles habitudes qui engagent à un style de sobriété, d’humilité dans l’usage de la technique (sans rien enlever à la créativité technologique éthiquement gérée), de renonciation à la culture du déchet, passe par l’usage des moyens publics de transport, la capacité de trier les déchets (Cf. LS n°211), l’extinction des lumières quand elles ne servent pas, le soin à planter des arbres. Ce sont autant d’attitudes concrètes d’une nouvelle conscience citoyenne du monde que nous accueillons de l’encyclique Laudato Si’. Ces attitudes montrent de façon bien cohérente que tout est lié. Si cette invitation à une nouvelle conscience citoyenne écologique intégrale, c’est-à-dire qui sache mettre les ressources éthiques et spirituelles au service d’une soutenable éthique environnementale, peut nous porter à une réception et application de Laudato Si’, nous aurons commencé notre marche, notre conversion ensemble à une nouvelle conscience d’habitation de la terre. L’homme n’en sortirait plus que grandi dans sa dignité et dans les conditions qui facilitent davantage sa vie dans son environnement écologique.
Père Colbert GOUDJINOU
Directeur de l’IAJP/CO