DES IMPLICATIONS DU PRINCIPE DE LA DIGNITE DE L’HOMME
Pour autant que nous ouvrions les yeux sur tout ce qui se passe autour de nous, et que les media déversent quotidiennement sur nous, nous ne saurions rester indifférents aux divers spectacles où la dignité de l’homme est en cause.
En conséquence, notre humanité est touchée et notre être chrétien le devrait davantage, à l’école du Christ qui a cherché à prendre sur lui les infirmités de l’humanité et à habiter toutes les situations où l’homme est en peine, afin de les transformer par sa compassion. A cette école de la compassion du Christ, en tant que chrétiens et hommes de bonne volonté, nous apprenons à dépasser toute forme d’indifférence, pour travailler à la défense de la dignité de l’homme. Les lieux où la dignité de l’homme est bafouée aujourd’hui, entre autres, ont noms : discriminations de tout genre, une certaine forme d’immigration comme les débarquements à Lampedusa en Italie en est l’illustration, terrorisme, fondamentalisme religieux, assassinats programmés d’êtres fragiles et sans défense et leurs corollaires.
Prendre la mesure de notre être « créé à l’image et à la ressemblance de Dieu » (Cf. Gn 1, 26-27), et vivre en cohérence à ce que cela implique de témoignage de notre part comme compassion humaine et chrétienne aujourd’hui, c’est sortir de toute forme d’indifférence et marcher résolument à la défense de la dignité de l’homme. La parabole du bon samaritain (Lc 10, 25-37) illustre le fait même que sortir de l’indifférence pour vivre une authentique compassion à l’endroit du frère en difficulté est d’abord et avant tout un élan fondamentalement humain. On comprend pourquoi la démarche chrétienne puisse requérir davantage avec l’indication de l’amour de l’ennemi (Cf. Le Discours de Jésus sur la montagne) : « Vous avez appris qu’il a été dit : tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants et il fait pleuvoir sur les justes et les injustes » (Mt 5, 43-48).
Tel est le cœur de la nouveauté de l’humanisme chrétien : respecter la dignité de chaque homme, la défendre quand elle est menacée dans le champ de la vie sociale, et œuvrer pour que chaque homme, même le "méchant", soit respecté. L’amour de l’ennemi dont il est question, n’est pas pour qu’il continue à nuire aux autres, mais pour que l’opportunité lui soit accordée pour sa conversion à une vraie humanité. Cette conversion se traduira dans sa capacité de s’identifier aux autres et dans l’engagement au respect de l’autre.
C’est d’ailleurs en raison de ce principe du respect et de la dignité de l’homme que certains sont mis à l’ombre ou à l’écart de la vie sociale par l’Etat, pour qu’ils ne constituent plus un danger pour la vie des autres. Nous n’occultons pas la problématique de la réelle faculté correctionnelle de la prison et les problèmes de dignité de l’homme que cela met en jeu parfois, même si nous n’entrons pas dans ces complexités de la question ici.
Accueillir le principe de la dignité de l’homme, c’est alors savoir s’ouvrir à toute problématique touchant à son intégrité : depuis les pratiques peu humaines dont il est victime, jusqu’aux conditions de vie ayant effet sur son existence. Ainsi, des questions comme celles environnementales ne sont pas marginales à cet effet. La nouvelle lettre encyclique du Pape François, Laudato si’ sur le soin à prendre de notre maison commune, terre, demeure à ce sujet un cri prophétique à considérer. Les Objectifs de l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Durable (ODD) devront aussi être analysés sous ce jour de la sauvegarde de la dignité de l’homme intégral.
En effet, la dignité de l’homme est authentiquement sauvegardée, si tout projet qui l’engage travaille à assumer tout son être : la dimension humaine et spirituelle ou transcendante y comprise. Nous nous arrêterons le mois prochain pour une présentation de la lettre Encyclique Laudato Si’, sous l’angle de la dignité de l’homme dans le soin à prendre de la maison commune, terre. Puisse cette présentation nous stimuler pour une relecture personnelle de l’Encyclique et à un accueil de son message pour une écologie nouvelle et intégrale.
Père Colbert GOUDJINOU
Directeur de l’IAJP/CO