La société toujours plus globalisée nous rapproche, mais ne nous rend pas frères. La raison, à elle seule, est capable de comprendre l’égalité entre les hommes et d’établir une communauté de vie civique, mais elle ne parvient pas à créer la fraternité. Celle-ci naît d’une vocation transcendante… 1
Du manque de fraternité entre les hommes, une faillite de la solidarité.
Ouvrant notre cœuren ce mois de mars à l’opportunité qu’est le temps de renouvellement intérieur du carême, nous voudrions que la réflexion sur le principe de solidarité nous rende également ouverts à la réalité de la fraternité.
Se reconnaître frères, dans une société, c’est se savoir partageant la même humanité.La devise du Bénin a d’ailleurs pour premier axe, la fraternité. Vivant la même humanité, nos vies entrent en communion sur des problématiques existentielles concrètes. De ce point de vue, considérant la diversité de niveau de développement entre les nations, l’on peut en situer plusieurs causes. Ce peut être la paresse, le déficit de réflexion ou le manque de solidarité entre les hommes.
A ce propos, le message du carême 2017 est une belle proposition de méditation, qui, partant de l’expérience biblique de Lazare et du riche, nous situe devant un des tableaux scandaleux de notre humanité : le manque de fraternité et par conséquent le manque de solidarité entre les hommes. La situation de pauvreté, voire de misère des uns, devient d’autant plus interpellant qued’autres, non seulement jouissent paisiblement, mais gaspillent ou thésaurisent insolemment. Benoît XVI en fait le constat et l’exprime :
Ouvrir sa vie à la dimension transcendante de son humanité, nous met en lien avec la source de toute chose, Dieu, Principe et Fondement de tout, lieu où nous contemplons la grandeur de l’homme dans le mystère du Verbe Incarné qui manifeste le vrai visage de la fraternité. Elle est partage de sa vie jusqu’au don total de soi. Telle est, du moins, la solidarité de Dieu à notre humanité en Jésus-Christ.
Vivre la fraternité aujourd’hui, c’est prendre conscience du fait que, tout étant lié dans la vie, l’on ne saurait être heureux tout seul. La fraternité devient alors chemin de solidarité et de partage de sa vie. On apprend à s’assumer et à assumer le frère avec soi. En tant que frère pauvre ou misérable, on se laisse interpeller pour prendre, autant que faire se peut, ses responsabilités en entrant dans l’effort qui aide à la transformation de ses conditions.
Vivre la solidarité à la vie est au prix de l’effort de participation pour une vie plus digne. Le frère étant ouvert à donner la main à qui en a besoin, sans se substituer à lui, se tisse une histoire où la solidarité donne corps à une réelle fraternité entre les hommes. N’est-ce pas le lieu où prennent sens l’aumône, la prière et le partage que requiert de nous le temps de grâce du carême ? Puisse notre fraternité refleurir par ce temps de grâce, partant d’une réelle solidarité vécue entre nous.
Père Colbert GOUDJINOU
Directeur de l’IAJP/CO
1- BENOÎT XVI, Lettre encyclique Caritas in Veritate n° 19, AAS101, 209, 655.
Copyright © 2010-2015 IAJP / Chant d'Oiseau. Tous droits réservés.
Adresse : 04 BP 578 Cotonou, Bénin
Tel : (00229) 21 30 29 30 / 21 30 57 51 / 21 30 51 59
Fax : (00229) 21 30 99 62
www.chantdoiseau.net ou www.iajp.net