Acteurs sociaux, témoins crédibles de la foi
L’un des défis majeurs de l’acteur social, c’est comment assumer sa responsabilité sans se compromettre par rapport aux exigences de la foi. Plusieurs tentations sont là et qui peuvent le dévier de l’essentiel. Mais s’il se souvient du fait que « là où son trésor, là aussi sera son cœur » (Mt 6, 21), il cherchera à mettre Dieu à la place centrale, sans rien enlever à la responsabilité qu’il lui faut savoir assumer de ses affaires. Le témoignage, l’équilibre dont l’acteur social est appelé à faire preuve tient en ceci : « l’attente de la nouvelle terre, loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt le réveiller »1 . Unifier sa vie d’engagement social, c’est, comme le conseille le Pape François, faire en sorte que « toutes les activités humaines, y compris les activités d’entreprises, peuvent être un exercice de la miséricorde qui est participation à l’amour de Dieu pour les hommes »2 .
Une telle conception n’enlève rien à la rigueur et à la soutenabilité de l’entreprise. Comme le précise d’ailleurs CentesimusAnnus, n°35 : « L'Eglise reconnaîtle rôle pertinent du profit comme indicateur du bon fonctionnement de l'entreprise. Quand une entreprise génère du profit, cela signifie que les facteurs productifs ont été dûment utilisés et les besoins humains correspondants convenablement satisfaits ». Le témoignage attendu de l’acteur social est donc celui d’une vie de prière qui sache l’associer à l’élan providentiel de Dieu dans la création par son entrepreneuriat. La figure évangélique de la parabole des talents le confirme : Dieu veut nous voir faire fructifier les dons et les talents reçus. Il veut pouvoir résoudre une question du monde grâce à l’inédit dont il a doté chacun de nous. A nous de découvrir ce talent et de le mettre en œuvre pour l’épanouissement personnel et social.
Le pape François dans un langage très réaliste nous adresse aussi la parole par rapport à la tentation de l’idolâtrie de l’argent et des compromissions de corruption :
Il peut arriver que les entrepreneurs soient tentés de céder aux tentatives de chantage ou d’extorsion, se justifiant par la pensée de sauver l’entreprise et sa communauté de travailleurs, ou pensant qu’ils feront ainsi grandir l’entreprise et qu’un jour ils pourront se libérer de cette plaie. En outre, il peut arriver qu’ils tombent dans la tentation de penser qu’il s’agit de quelque chose que tout le monde fait, et que de petits actes de corruption destinés à obtenir de petits avantages n’ont pas grande importance. Quelle que soit la tentative de corruption, active ou passive, c’est déjà commencer à adorer le dieu argent .3
Devant un tel tableau, le témoignage attendu des acteurs sociaux est de résister à ces formes de compromissions en y opposant une honnêteté prophétique qui rend davantage justice au bon ordre et à sa liberté intérieure. Dans ce cas, l’ardeur au travail conjuguée avec un sens éthique poussé démontrent combien notre vie prend la mesure du fait « qu’il ne sert à rien de gagner l’univers si l’on vient à perdre son âme » (Cf. Mt 16, 26). Le mystère pascal que nous célébrons ces jours-ci, éveille d’ailleurs à la Victoire du Ressuscité, victoire dont sont participants, ceux qui vivent et témoignent pour le Christ. En travaillant dans la recherche et le vécu de la justice sociale, nous collaborons à un monde d’authentique paix qui n’advient que par l’effort de justice.
Joyeuse fête de Pâques à chacun et à tous.
Père Colbert GOUDJINOU
Directeur de l’IAJP/CO
1 - CONCILE OECUMENIQUE VATICAN II, Constitution Pastorale Gaudium et Spes, n° 39.
2 - FRANCOIS, Discours aux participants à la Conférence internationale des Associations des Entrepreneurs chrétiens (UNIAPAC), le 17 novembre 2016.
3 - FRANCOIS, Discours aux participants à la Conférence internationale des Associations des Entrepreneurs chrétiens (UNIAPAC), le17 novembre 2016.