La lettre encyclique Laudato Si’, ou la sauvegarde de la dignité de l’homme : un appel à une conversion écologique intégrale.
--- 1ère partie ---
Se soucier de la dignité de l’homme ne saurait faire faire de la question environnementale une question marginale. Considérant l’ampleur des dégâts occasionnés par l’exploitation sauvage de la nature, sans oublier l’interconnexion du monde et la part de l’homme dans la crise écologique aujourd’hui, il est urgent de requérir la collaboration de tous. Car, « le livre de la nature est unique et indivisible »[1] . Une manière bien précise de l’exprimer, de la part du Pape François, est l’expression « tout est lié » qui revient plusieurs fois dans la Lettre Encyclique Laudato Si’.
L’appel du Pape François se veut une foi en l’homme car : « L’humanité possède encore la capacité de collaborer pour construire notre maison commune »[2] , confie-t-il. Ainsi, partant de la prise en considération des meilleurs résultats de la recherche scientifique disponible aujourd’hui, l’on est appelé à un parcours éthique et spirituel conséquent. C’est cela la conversion écologique, comme expression d’une prise de conscience individuelle et collective pour des efforts qui renversent la tendance écologique catastrophique actuelle. C’est le pari à entreprendre de gagner au nom de la dignité de l’homme d’aujourd’hui et de demain. Et en ce sens, chaque geste individuel, si minime qu’il soit, mais constructeur d’une écologie nouvelle et soutenable, est important. C’est à ce prix que l’on ne laissera pas aux générations futures un monde plus dégradé et finalement invivable.
L’état des lieux de la question environnementale aujourd’hui donne d’assister à un monde de pollution avec son corollaire de « culture du déchet »[3] et de changement climatique. Devant cet état des lieux, s’impose une prise de conscience de la « nécessité de réaliser des changements de style de vie, de production et de consommation »[4] , comme solution, pour le moins, aux causes humaines de la crise environnementale qui touche à l’eau, ressource vitale, à la biodiversité, à la qualité de vie humaine et sociale. Les conséquences au niveau planétaire doivent accroître en nous la conscience, comme souligne le Pape François, que « nous sommes une famille humaine. Il n’y a pas de frontières ni de barrières politiques ou sociales qui nous permettent de nous isoler, et pour cela même, il n’y a pas de place pour la globalisation de l’indifférence »[5] .
Il est alors urgent, pour la dignité de la vie de l’homme d’aujourd’hui et de demain, d’agir ensemble, individuellement et communautairement ou périr. Travailler à une culture qui sache imposer, grâce à un système normatif, des limites infranchissables dans l’assurance de la protection des écosystèmes ; voilà, ce qu’il faut aujourd’hui comme type de leadership. Il faudra dans ce sens travailler à faire échec à une soumission de la politique à la technologie et aux finances pour aller vers la mise en place d’une gouvernance politique mondiale, comme instance éthique pour la sauvegarde de la maison commune, terre.
Mais avant d’en arriver à ces instances politiques étatiques et supra étatiques, il faut savoir vraiment exploiter le dialogue avec chacun, tel que le Pape François l’instaure dans cette encyclique et avec le chrétien en particulier. Car, le chrétien, conscient de l’Evangile de la Création (Lv 25, 23 ; Dt, 22, 4.6 ; Ex 23,12), peut puiser dans sa foi des ressources et motivations supplémentaires pour un engagement à prendre soin de l’environnement ; comme affirme de façon éclairante Laudato Si’ : « L’incohérence est évidente de la part de celui qui lutte contre le trafic d’animaux en voie d’extinction, mais reste complètement indifférent face à la traite des personnes, se désintéresse des pauvres, ou s’emploie à détruire un autre être humain qui lui déplaît »[6] .
Père Colbert GOUDJINOU
Directeur de l’IAJP/CO