De l’idée de la démocratie
Les fondamentaux pour une tenable culture démocratique sont pour nous, à poser sur une juste conception de la personne. Comme l’affirmait Ratzinger :
la structure démocratique sur laquelle entend se construire un Etat moderne aurait une certaine fragilité si elle ne prenait pas comme fondement le caractère central de la personne humaine. C’est d’ailleurs, renchérit-il, le respect de la personne humaine qui rend possible la participation démocratique .1
On comprend à la lumière de cette observation de Ratzinger que la démocratie n’est un bien pour la société que si elle repose sur des valeurs qui sauvegardent le respect de la centralité de la personne humaine. C’est même la condition pour une authentique participation de la société dans son ensemble. C’est dans ce sillage que se situe la Constitution du Bénin quand elle s’assigne comme tâche de
créer un Etat de droit et de démocratie pluraliste, dans lequel les droits fondamentaux de l'Homme, les libertés publiques, la dignité de la personne humaine et la justice sont garantis, protégés et promus comme la condition nécessaire au développement véritable et harmonieux de chaque Béninois tant dans sa dimension temporelle, culturelle, que spirituelle. 2
C’est toute la vie de l’homme et ainsi toutes les dimensions de son être qui trouvent épanouissement en contexte démocratique. Le citoyen est donc celui dont l’engagement et la contribution à la vie sociale doivent respecter tous ces critères tournant autour de la centralité de la personne. « La sauvegarde des droits de la personne est en effet la condition indispensable pour que les citoyens, individuellement ou en groupe, puissent participer activement à la vie et à la gestion de la nation » 3
Partant de cette donnée fondamentale que sont la centralité et le respect de la personne humaine, la démocratie peut devenir concrète, avec la réelle participation de tous. Cette participation a pour point de départ la conscience citoyenne qui se concrétise dans le sens d’appartenance et l’implication de soi selon ses responsabilités. C’est aussi un devoir démocratique de s’informer pour faire ses choix de coopération à la vie sociale à bon escient. Comme l’exprimait Hude,
décider de devenir citoyen, c’est rejeter une fois pour toutes le défaitisme, sous toutes ses formes. S’engager, c’est forcément accepter de lutter et de souffrir, dans une situation d’ensemble qu’on assume sans l’avoir choisie et sur laquelle on va arrêter de gémir . 4
Aussi, ajoute-il : qui ne pense qu’à la vie privée n’est pas citoyen. La vie citoyenne en contexte démocratique signifie donc engagement pour sa nation dans un contexte où les libertés personnelles sont préservées grâce au respect des droits humains. On accueille dans un tel contexte l’éthique pour une tension authentique vers le bien et le rejet de la loi du plus fort pour l’adoption des principes de Fraternité – Justice – Travail, comme le Bénin en a la devise.
Père Colbert GOUDJINOU
Directeur de l’IAJP/CO
1 - CONGREGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Note doctrinale concernant certaines questions sur l’engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique. 24 novembre 2002.
2 - Préambule à la Constitution de la République du Bénin du 11décembre 1990.
3 - CONCILE OECUMENIQUE VATICAN II, Constitution Pastorale Gaudium et Spes, n°73 : AAS 58, 1966, 1095.
4 - HUDE, H., L’éthique des décideurs, Editions Economica, Paris 2013, 27.
5 - L’expression tout est lié revient d’ailleurs un certain nombre de fois dans la lettre encyclique Laudato’ si’ du pape François.