qu’elle partage avec l’assistance, les préoccupations liées à l’éducation dans les familles béninoises, pour plus de valeurs démocratiques.
Avant de poser la problématique de la conférence, Madame Marie-Antoinette ADISSODA a, d’une part, repris un point de l’argumentaire des conférences relatif au fait que « tout homme, est intégré dans une famille et c’est elle qui nous porte de manière à être forgé et formé à la stature d’une personne digne ».
D’autre part, fera-t-elle remarqué, la famille, communauté naturelle, est la première société humaine (Cf. Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise – CDSE – n°123). Ce faisant, constate la conférencière, c’est la famille qui imprime de façon durable à l’individu sa marque dès son enfance, à travers l’éducation aux valeurs qu’elle lui donne.
Relativement à la question démocratique dans laquelle le Bénin est engagé depuis un peu plus d’un quart de siècle, Madame ADISSODA s’est demandé comment cette option de gouvernance et de gestion du pays peut être vécue dans nos familles ? Les familles béninoises sont-elles armées pour former leur progéniture à la démocratie ? La démocratie ne serait-elle qu’une vogue ?
Autant de préoccupations qui ont amené la conférencière à développer sa communication en trois (03) points :
- La famille béninoise et ses valeurs
- La démocratie et ses valeurs
- L’éducation à la démocratie au sein de la famille béninoise
En abordant le premier point de sa communication, la conférencière a mentionné que le concept de famille est assez large mais peut se définir selon l’anthropologue Claude LEVI-STAUSS comme « une communauté d’individus réunis par des liens de parenté existant dans toutes les sociétés humaines ». Ainsi, la famille béninoise, quel que soit le type, aspire à un idéal qui se manifeste à travers l’éducation à certaines valeurs. Sans prétendre être exhaustive, la conférencière a cité comme valeurs reconnues et transmises par la famille béninoise, la solidarité, le sens du partage, la soumission à l’autorité parentale, le respect de l’aîné, la politesse, l’obéissance, le sens du sacré, etc.
On retient du deuxième point de la conférencière que la démocratie est un système politique au sein duquel le peuple dispose du pouvoir souverain. C’est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple, selon la définition d’Abraham LINCOLN. Elle a énoncé quelques valeurs démocratiques comme la liberté individuelle, l’égalité, le respect des droits de l’homme, la recherche du bien commun. Ces valeurs doivent s’exprimer à travers les institutions qui accompagnent et favorisent la pratique démocratique. Mais, ces valeurs reconnues universellement ne peuvent s’incarner que dans une culture donnée, étant entendu que la démocratie, telle qu’elle est vécue aux Etats-Unis d’Amérique, ne l’est ni en France ni au Bénin.
Le troisième point se présente comme des perspectives pour améliorer l’éducation à la démocratie au sein de la famille béninoise car l’éducation traditionnelle laisse peu de liberté à l’individu qui est plutôt soumis à l’autorité du chef de famille. Quant au respect de la hiérarchie, l’obéissance aux lois, le respect de la parole donnée, l’enfant y est initié très tôt. L’organisation sociale est conçue de manière à introduire l’enfant, puis l’adolescent progressivement dans le monde des adultes. Enfin, il y a d’autres valeurs morales telles que le courage, l’honnêteté que le jeune découvre tout au long d’un parcours initiatique.
De nos jours, l’éducation aux valeurs démocratiques dans la famille dite moderne perturbe les valeurs traditionnelles. La conférencière a énuméré les freins aux valeurs démocratiques dans la famille béninoise : l’illettrisme et le faible taux d’alphabétisation, la défaillance des parents, le manque d’engagement de l’élite politique qui profite de cette situation, le faible pouvoir économique des populations qui finissent par être comme des « jouets » aux mains des nantis.
En conclusion, nous retenons que le rôle de la famille est déterminant et primordial dans l’éducation à la démocratie ; laquelle doit être perçue dans nos familles comme une éducation pour la vie et doit être permanente. Les parents ne devraient plus se désengager par rapport à ce devoir. C’est à la famille que revient le devoir d’amener ses membres à acquérir le savoir être qui permet à l’enfant « d’épanouir ses capacités, devenir conscient de sa dignité et se préparer à affronter son destin unique et irremplaçable » (CDSE, n°212).
Signalons, à toutes fins utiles, que la communication a été suivie de débats (commentaires et questions divers) enrichissants pour l’auditoire venu nombreux. Ces échanges ont porté pour la plupart sur la promotion et la pérennisation de la culture démocratique dans les familles et le dialogue interreligieux.
En guise de mots de clôture des échanges, le Directeur de l’IAJP/CO, le Père Colbert GOUDJINOU, a salué le niveau élevé et enrichissant de la conférence ainsi que la qualité des débats. Remerciant la conférencière pour sa disponibilité, il a exhorté l’auditoire à s’appuyer sur la foi, l’évangile et la prière pour braver les obstacles à la culture démocratique car vouloir lutter contre la démocratie, c’est lutter contre Dieu. Car, vouloir arrêter la démocratie paraîtrait lutter contre Dieu même 1.
Aussi, face aux conflits interreligieux, le chrétien doit affirmer sa foi et la témoigner. Dans le dialogue interreligieux, il urge de conjuguer la foi et la raison. Les participants se sont retrouvés autour d’une collation où les échanges se sont poursuivis.
1 de TOCQUEVILLE, A., De la Démocratie en Amérique, Edition GF-Flammarion, Paris 1981, 61.