Aperçu global du thème de 2015 : DIALOGUE, CONSENSUS, TOLERANCE : GAGE DE L’AMITIE SOCIALE POUR LE DEVELOPPEMENT INTEGRAL DE L’HOMME
LES CONFÉRENCES SOCIALES MENSUELLES DE L’IAJP
Année 2015
1. De l’état de la question
« Quand les leaders des divers secteurs me demandent un conseil, ma réponse est toujours la même : dialogue, dialogue, dialogue », déclarait le pape François au cours de sa rencontre avec la classe dirigeante du Brésil, en marge des Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) à Rio de Janeiro, le 27 juillet 2013. A juste titre donc et sous un autre aspect, la Conférence Episcopale du Bénin (CEB) fait remarquer que « le dialogue politique est la pierre angulaire de toute vraie démocratie »[1][1]. Le dialogue est ainsi présenté comme le moyen par excellence pour gérer au mieux les ressources plurielles disponibles afin d’en tirer le meilleur parti pour le bien de tous. Par le dialogue, les acteurs politiques, économiques, sociaux, culturels... arrivent à se mettre ensemble pour échanger entre eux. Pour s’accorder sur des modes d’actions pour la gestion efficace et efficiente de la chose publique, ils agissent par consensus et ouvrent des espaces de tolérance.
En effet, dans la gestion d’une Nation, « s'il n'existe pas de consensus général sur la dignité de chaque personne humaine, le respect des droits de l'homme, le « bien commun » comme fin et critère de régulation de la vie politique, la signification de la démocratie se perd et sa stabilité est compromise »[2][2]. Du reste, « le consensus ne clôt pas la poursuite de la vérité pour une action encore plus juste et perpétuelle, mais il permet au dialogue de se poursuivre pour un plus de vérité en fonction de l’évolution du contexte et pour une croissance du bien social »[3][3]. Dès lors, l’option pour la tolérance sert à « éviter de commettre un mal moral plus grand en voulant absolument empêcher que le mal en cours soit imposé ou admis comme normal »[4][4]. Mais dans son principe, « la tolérance requiert immédiatement recherche soucieuse, effective, persévérante et même rapide de solution afin que le mal moral admis ne s’incruste comme us sociaux normaux »[5][5].
A l’analyse, il apparaît que la trilogie Dialogue-Consensus-Tolérance, loin d’être une panacée ou une somme de doctrines dénuées de sens et de bon sens, se présente comme un "vade-mecum" à qui sait y recourir afin de mieux gérer la "res-publica". Aussi, avons-nous choisi comme thème pour l’année 2015 : « DIALOGUE, CONSENSUS, TOLERANCE : GAGE DE L’AMITIE SOCIALE POUR LE DEVELOPPEMENT INTEGRAL DE L’HOMME ». Au programme, sept conférences sociales mensuelles, un atelier de réflexion et de formation et un symposium serviront de cadre pour approfondir la thématique.
2. Des thématiques à approfondir
Les conférences sociales mensuelles sont ouvertes à tout le public pour la formation de la masse. Elles conserveront leur forme habituelle de deux heures d’échanges. En outre, l’expérience de conférence-panel sera encore poursuivie, avec pour objectif d’enrichir et de diversifier les points de vue. Les conférences seront organisées en trois volets.
2-1. Volet 1 : Le principe des inégalités naturelles et le combat contre les injustices nées de ces inégalités naturelles au plan social
« Le premier principe à mettre en avant, c'est que l'homme doit accepter cette nécessité de sa nature qui rend impossible, dans la société civile, l'élévation de tous au même niveau. Sans doute, c'est là ce que poursuivent les socialistes. Mais contre la nature, tous les efforts sont vains. » (Pape Léon XIII, Encyclique Rerum Novarum, 15.05.1891).
Ce premier volet s’attachera à approfondir les connaissances du public sur les inégalités naturelles afin de mieux affronter les injustices qui en découlent. Dans ce cadre, la première conférence fera une étude critique approfondie sur les inégalités naturelles à travers la création. Cet essai s’accentuera sur le genre humain tant du point de vue socio-anthropologique que théologique. Ainsi par exemple, l’on pourrait se demander si une tierce personne est de courte taille, est-ce un mal ou le Créateur l’a-t-elle disposée ainsi afin que de cette hauteur, elle sache agir pour le bien de ses semblables. Quant à la deuxième conférence, s’appuyant sur la première, elle étudiera, s’il en existe, les relations de cause à effet entre les inégalités naturelles et les injustices sociales. A cette étude préliminaire s’ajouteront les perspectives qu’il est possible d’esquisser en vue de tenter de contenir les injustices qui naissent de ces inégalités.
Aussi, les thèmes à développer se présentent comme suit :
2-2. Volet 2 : Une légitime douleur en présence du réel de l’injustice sociale
« Pourtant, en certains de ces pays, criant et outrageant est le contraste entre l'extrême misère des multitudes et l'abondance, le luxe effréné de quelques privilégiés. En d'autres pays, la génération actuelle est contrainte à subir des privations inhumaines, en vue d'accroître l'efficacité de l'économie nationale suivant un rythme d'accélération disproportionné avec les exigences de la justice et de l'humanité. En d'autres, une part considérable du revenu est employée à mettre en valeur ou entretenir un prestige national mal compris, des sommes immenses sont dépensées en armements. » (Saint Jean XXIII, Encyclique Mater et Magistra, §- La rémunération du travail. Norme de justice et d’équité, 15.05.1961).
Le présent volet fait suite au premier en ce sens qu’il servira de cadre pour explorer les attitudes à mettre en exergue face à des injustices sociales. Que l’on en soit victime ou pas, le mal être qui en découle est patent.
La troisième conférence examinera les luttes syndicales à l’aune des injustices sociales. Entre autres points d’analyse, l’on s’attendra à voir décliné les formes d’injustes et leur déclinaison particulière dans la réalité béninoise actuelle ; toute chose qui sous-tendrait les luttes syndicales, à moins qu’elles soient des actions initiées "ex nihilo". En amont de ces luttes, une revue critique des questions qui se posent aujourd’hui, de même que les voies de dialogue ouvertes à cet effet, devrait être faite. Dans le même sens, la quatrième conférence s’attachera à étudier les actions de la société civile béninoise pour endiguer les injustices sociales. A l’analyse, l’impact de ces injustices sur la société suffirait-il pour justifier le fait que la société est à la traîne ? La conscience citoyenne permet-elle au peuple de s’intéresser activement au développement de la nation ou par manque de formation et d’informations, se résigne-t-il ? Avec la cinquième conférence, il s’agira de réfléchir sur les perspectives à adopter par les gouvernants face aux nombreux et difficiles choix qui se posent à eux. Dans un souci de réflexions pratiques, seul le cas du Bénin sera étudié et selon la méthodologie de la Doctrine Sociale de l’Eglise (DSE) d’aborder les questions de façon située pour mieux les affronter.
Les thèmes de référence sont :
2-3. Volet 3 : Dans les situations graves de crises, ne jamais interrompre pour n’importe quel motif le dialogue
« Pour cette raison, je désire adresser un appel fort à tous ceux qui, par les armes, sèment la violence et la mort : redécouvrez votre frère en celui qu’aujourd’hui vous considérez seulement comme un ennemi à abattre, et arrêtez votre main ! Renoncez à la voie des armes et allez à la rencontre de l’autre par le dialogue, le pardon, et la réconciliation, pour reconstruire la justice, la confiance et l’espérance autour de vous ! » (Pape François, Fraternité, Fondement et route pour la paix. Message pour la journée mondiale de la paix, 1er janvier 2014, n° 7).
Ce volet, sans faire étalage des injustices sociales, se penche sur les voies et moyens pour gérer les crises que génèrent les injustices. Ainsi, la sixième conférence approfondira le dialogue social au Bénin. Il s’agira d’explorer la mise en œuvre pratique du dialogue à tous les niveaux de la gouvernance au Bénin. Avec la dernière conférence, la septième, les réflexions porteront sur la trilogie Dialogue-Consensus-Tolérance. Sous forme de réflexions conclusives, les analyses mettront entre autres en relief le nécessaire recours au dialogue, au consensus et à la tolérance afin de gérer de façon efficace et efficiente les ressources à disposition pour le développement intégral.
Les thèmes à aborder sont les suivants :
[1][1] CONFERENCE EPISCOPALE DU BENIN, Message sur le malaise politique actuel et la révision de la constitution, Cotonou, 15 aout 2013, p. 5, § 1.
[2][2] Cf. Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise, n°407.
[3][3] Abbé Raymond GOUDJO, Appel du Chant d’Oiseau 2014, page 22, § 2.
[4][4] Ibidem, page 27.
[5][5] Ibidem, page 28, § 2.
Dernière modification le Lundi, 22 Décembre 2014 14:08