main qui œuvrent de concert pour la transformation de l’environnement. . Le travail apparaît ainsi pour le croyant comme un appel de son créateur, une mission à assumer, pour le mieux-être de l’homme et le bon ordre social. Le conférencier établit un lien étroit entre l’homme, le travail et le Dieu créateur, selon la foi judéo-chrétienne.
Son exposé s’est articulé en trois temps. Le premier a été consacré à la mission de travail assignée à l’homme dès la création du monde, selon la bible en Genèse 1, 1-2, 4-8.15. Ensuite, le conférencier a abordé les textes conciliaires et magistériels, en l’occurrence Gaudium et Spes et Laborem Exercens qui demeurent des références sur le sujet de l’homme dans sa vocation au travail. Le troisième et dernier temps a été orienté sur la question de la spiritualité du travail en vue d’une transformation des sociétés africaines.
Dans la première partie, le conférencier a indiqué que le travail créateur de Dieu à l’origine, en dix paroles fortes, apparaît comme l’élément fondateur du travail humain. Comme partie intégrante de cette création, l’homme a eu la particularité d’être créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, appelé donc à dominer et à soumettre les éléments de la création, à l’image de Dieu. L’homme est devenu par la volonté du créateur sujet d’une tâche à accomplir. Le repos de Dieu au septième jour est ainsi perçu comme un appel de l’homme à prendre le relais de la création du monde, en poursuivant l’œuvre initiée par Dieu. Par le travail, l’homme se fait plus homme.
C’est donc la foi en Dieu qui fonde le travail humain ; ce qui explique tout l’intérêt de l’Eglise pour la question du travail à travers des écrits conciliaires et magistériels pour bien l’appréhender.
Dans ce sens, le chapitre 3 de Gaudium et Spes intitulé « l’activité humaine dans l’univers », est consacré exclusivement au travail humain. Ce document souligne la valeur de l’activité humaine qui apparaît comme un service rendu à tous les « frères » de l’homme en humanité, un apport personnel à la réalisation du plan providentiel dans l’histoire. D’autre part, Gaudium et Spes relève les normes de l’activité humaine qui est ordonnée vers lui-même, c’est-à-dire l’homme ; autrement dit, vers sa propre réalisation. Le travail contribue à la perfection de l’homme qui s’informe, développe ses facultés et se dépasse. Ainsi, il apparaît que l’homme vaut plus par ce qu’il est que par ce qu’il a ; ce qui ramène à tirer comme leçon « qu’un ordre plus humain dans les rapports sociaux, dépasse en valeur les progrès techniques » (GS 35).
Mgr. HOUNGBEDJI a ensuite mis en relief les apports particuliers du document magistériel Laborem Exercens du saint Pape Jean-Paul II. Il a indiqué que Laborem Exercens montre que l’activité de l’homme dans le monde vise prioritairement à « continuer l’œuvre initiée par le Créateur » et que c’est en tant que personne décidant de lui-même et tendant à se réaliser lui-même, que l’homme est « sujet » du travail. C’est la personne qui donne de la valeur au travail qui devient le fondement sur lequel s’édifient la vie familiale et la nation. On ne peut parler de vie familiale sans le travail a affirmé le conférencier. Mais l’homme ne se définissant pas seulement par rapport à la famille, c’est son appartenance à sa nation qui détermine son identité la plus profonde selon le conférencier.
Laborem Exercens insiste sur le fait que l’homme, par son travail, doit imiter Dieu, son créateur, parce qu’il porte en lui l’élément particulier de ressemblance avec Dieu. On ne peut pas croire au Dieu de Jésus-Christ sans un engagement réel dans le travail, a souligné sans équivoque le conférencier. Il s’agit en définitive d’un travail qui reconnaît la place primordiale de Dieu dans la vie de l’homme et qui tend à collaborer à l’œuvre de rédemption du Christ dans le monde.
Une fois cette spiritualité du travail mieux appréhendée, le conférencier a enfin essayé d’y projeter la transformation des sociétés africaines, en posant d’abord un diagnostic de la situation sociale en Afrique quant au rapport au travail. A ce titre, il a relevé que le temps du travail est en inadéquation avec le volume du travail effectué. Le résultat du travail effectué ne justifie pas tout le temps, voire les moyens y consacrés. Et le constat, a-t-il souligné, se fait aussi bien dans les institutions étatiques qu’ecclésiales. Le diagnostic de Mgr HOUNGBEDJI a relevé aussi une tendance au moindre effort, à un niveau individuel, en milieu de travail. L’individu ne s’inscrit plus dans une vision de donner le meilleur de lui-même dans le travail accompli.
Enfin, il se projette dans ces conditions, une mal gouvernance généralisée dans les institutions étatiques, selon le conférencier, qui traduit un système de corruption mis en place à grande échelle et qui ne peut que conduire à la déliquescence de l’Etat.
Au regard de la spiritualité chrétienne du travail, on ne peut que se poser la question de la cohérence entre la foi au Christ et l’engagement au travail, pour une réelle transformation sociale. La nécessité de revenir à la foi authentique s’impose donc, pour instaurer une véritable vie de communion fraternelle afin d’assurer la bonne gouvernance dans les institutions. Mgr HOUNGBEDJI a conclu en soulignant que la spiritualité inspirée de la foi judéo-chrétienne peut aider à la redynamisation des institutions y compris étatiques et à la rénovation des sociétés dans le sens d’un développement intégral de l’homme.
L’exposé, fort apprécié par un auditoire attentif et visiblement intéressé, a été suivi de quelques échanges sur les perspectives d’une appropriation par les sociétés africaines d’une spiritualité chrétienne du travail, en l’occurrence les voies et moyens pour y parvenir suggérées par le conférencier. Des éclaircissements ont été alors apportés sur la mise en commun des moyens, dans un élan fraternel mû par la bonne gouvernance. Entre autres, les participants ont évoqué la question de la nécessité d’œuvrer pour redonner aux jeunes le sens du service gratuit et de leur proposer des modèles dans ce sens. Il y a eu aussi l’attention aux risques de destruction du travail du fait des avancées technologiques qui pourraient être de nature à supprimer des postes de travail.
Le Père GOUDJINOU, Directeur de l’IAJP, intervenant pour clôturer la séance, a fait observer que le sujet recadre l’individu avec son vécu et le projette dans la perspective d’une foi chrétienne plus active et en harmonie avec l’existence d’homme. Il a indiqué que la motivation à l’origine du choix du thème de la spiritualité et l’engagement au travail n’a rien d’une démarche de prosélytisme, mais qu’il s’est agi pour l’IAJP de montrer que la spiritualité doit conduire au même engagement rationnel vis-à-vis du travail. Le Père Directeur a saisi l’occasion de cette ultime conférence mensuelle de 2019 pour présenter le Directeur Adjoint de l’IAJP, récemment nommé par la conférence épiscopale du Bénin, le Père Pamphile DJOKPE. Pour finir, le Père GOUDJINOU a annoncé le thème général de l’année 2020, intitulé : « L’engagement citoyen en contexte démocratique ».
Mais, en attendant la reprise des conférences sur ce thème central, un symposium sera organisé le 30 novembre 2019, comme il est de tradition à l’Institut, pour faire la synthèse sur la problématique au centre des conférences de l’année écoulée. Cette rencontre d’envergure nationale aura pour thème : « Le défi de l’entrepreneuriat au Bénin ».