Abordant le premier axe, le père PENOUKOU a fait observer que sur le plan socio-culturel, la jeunesse béninoise est héritière de valeurs telles que "le respect des aînés, l'obéissance, la discrétion, la serviabilité, le partage, l'hospitalité, le sens du sacrifice, l'esprit de pardon et de réconciliation, l'amour du travail, l'esprit de gratitude et de gratuité, etc".
Sur le plan politique, par contre, le Bénin vit à l’ère du Renouveau Démocratique, depuis la Conférence nationale de février 1990, tenue suite à une série de crises, nées d’une triple faim du peuple tout entier : faim de dignité, faim de liberté, faim de pain. Au sortir de ce chaos, l’état d’esprit n’a pas changé pour autant et la Conférence nationale n’a pas réussi à exorciser « nos vieux démons ». Le paysage politique demeure vicié par le « dévoiement du multipartisme pléthorique », « l’apprivoisement du vote ou de l’opinion politique » ainsi que les « interventions, les pressions et les falsifications » qui éloignent les institutions républicaines des exigences d’un Etat de droit. Les valeurs « d’amour sacré du pays », « d’éthique consensuelle » et donc de changement de mentalité devraient alors servir d’appui à la restauration des bases fragiles et vulnérables de la situation politique du Bénin.
Sur le plan économique, le peuple vit des difficultés réelles et les statistiques macroéconomiques n’y changent rien. La conjoncture économique est affectée par les scandales financiers, le bradage des sociétés d’Etat, la corruption et l’impunité. Au plan structurel, il faut repenser les modes de production, de financement de l’économie et la contribution du secteur informel à l’économie.
Le deuxième axe de l’exposé a été appréhendé sous une perspective chrétienne. Le conférencier s’y est étendu sur l’origine et la valeur chrétiennes de la dignité humaine, sur la vraie liberté de l’homme comme signe de sa dignité et sur la nécessité d’éduquer la jeunesse à la spiritualité des biens matériels.
Selon le Concile Vatican II, le devoir des chrétiens est de vivre pour Dieu et le Christ. Aussi, auront-ils à « cultiver vraiment et efficacement en bons citoyens l’amour de la patrie… ». « La dignité de la personne humaine s’enracine dans sa création à l’image et à la ressemblance de Dieu ». C’est pour cela que l’homme ne doit pas négliger ses tâches humaines. La quête de dignité implique de se projeter continuellement sur une image positive de soi en tant que créature de Dieu. Elle devrait mener à une conversion des cœurs, à la découverte du caractère sacré de toute personne et au respect de ses droits fondamentaux. A partir d’une telle donnée de foi sur la dignité humaine, le jeune devra prendre conscience de sa propre dignité.
De cette conception de la dignité, on peut déduire que la vraie liberté consiste à pouvoir choisir et agir, orienter sa vie dans tel ou tel sens. A cette étape, il y a lieu d’aider le jeune à comprendre que « la bonne liberté de choix » est précisément celui du bien. Pour échapper aux menaces à sa liberté, il faudrait pour le jeune, « savoir écouter les conseils judicieux », « s’ouvrir dans la prière à l’esprit de discernement » et « recourir à la force d’amour du Christ ».
Enfin, l’exposé a porté sur la nécessité d’éduquer la jeunesse béninoise à la spiritualité des biens matériels. Cette spiritualité rend compte de « l’intention fondamentale et primordiale de Dieu de donner comme vocation à l’homme, de s’accomplir par son propre travail de développement des biens créés. » Comme pistes pédagogiques, on retient que le droit de l’homme aux biens matériels est d’origine divine, comme don nécessaire à son épanouissement. Travailler à les acquérir devient donc un devoir moral. Ensuite le rapport aux biens matériels doit s’inscrire dans l’esprit de service au profit des autres. Et Dieu a donné aux hommes le pouvoir de soumettre les biens créés, et non de se soumettre à eux.
Les questions et les contributions ont permis d’approfondir ces réflexions et le conférencier a puisé dans les fruits de son expérience et de sa sagesse pour en faire don à l’assistance visiblement comblée.
Le Père Directeur de l’Institut l’en a remercié au nom de toute la jeunesse présente.