La modération de la séance a été assurée par l’Abbé Colbert GOUDJINOU, Directeur de l’IAJP/CO.
La problématique de cette troisième conférence a été recentrée par un extrait des termes de référence des conférences sociales mensuelle de 2019 :
Edifier dignement la vie sociale suppose avant tout une présence à soi et aux problématiques de la vie qui se posent à soi et pour lesquelles il importe d’inventer des solutions dignes de l’importance de la personne humaine. Partant de la présence à soi, le travail est l’arme pour affronter les divers défis que l’on remarque dans son milieu de vie. L’homme n’étant pas seul sur la terre et devant porter le souci des générations successives, le travail, celui d’avenir est celui qui saura s’inscrire dans la durabilité. Telle est la vision prospective du travail aussi : l’insérer dans la durabilité.
Avec cette perspective, Monsieur AGOUA a axé son intervention en trois principales parties. D’emblée, il a expliqué que le travail, au sens large du terme, est toute activité qui génère de la plus-value, facteur essentiel de la production du point de vue économique. Il permet la production de biens et de services. Il peut être bénévole, volontaire, rémunéré ou non. A l’opposé, l’emploi intervient quand le travail est rémunéré, régulé par le droit et fait l’objet d’un contrat marchand, donc bien encadré. S’appuyant sur ces éléments notionnels de base, le conférencier a indiqué qu’au Bénin, la problématique de l’emploi est beaucoup plus liée au sous-emploi. Il est moins question de chômage.
La deuxième partie des échanges a été consacrée à une réflexion critique sur quelques déterminants du sous-emploi, de l’emploi vulnérable et du chômage. Pour Monsieur AGOUA, un élément fondamental est la faible adéquation entre le système de formation et le marché du travail. Le secteur tertiaire, celui des services, est plus développé que le secteur secondaire consacré à la production et le primaire, le secteur agricole. Dans ces conditions, il serait difficile d’impulser un véritable développement. Il reste à espérer que l’approche pédagogique actuelle centrée sur la participation de l’apprenant à son propre apprentissage, le système LMD, la professionnalisation des filières grâce aux passerelles ou mécanismes à mettre en place entre les différents types de formation actuellement en cours, permettent un nouveau paradigme axé sur plus de praticité que les théories inopérantes ou discours.
Quant à la troisième partie centrée sur la présence à soi, retenons qu’elle intervient comme une opportunité pour agir positivement en prenant en charge les besoins de son milieu. C’est dans ce contexte que l’on s’adonne au travail avec joie, avec une meilleure estime de soi-même. En amont, la présence à soi met en exergue l’attention aux problèmes pour sortir de l’indifférence qui a tendance à gangrené la vie sociale. En somme, la présence à soi, c'est être capable de reconnaître ce que l'on est et non feindre, jouer à être. Ce faisant, l’on se reconnaît dans ses faiblesses comme dans ses forces afin de s’engager plus activement dans son milieu. La présence à soi devient dans ce contexte une arme qui non seulement favorise la prise en charge de soi mais la porte dans une perspective durable incluant ses semblables, la société en général.
En définitive, la présence à soi ou le contact profond avec soi-même doit permettre d’aimer le travail et savoir que le travail que l’on accomplit est aussi pour les autres. Mu par cette compréhension nouvelle, le rapport au travail sort assurément de l’idée de la recherche unique du profit pour soi pour transcender cet aspect matériel certes nécessaire pour rejoindre l’homme et tout l’homme, dans ce qu’il est et ce qu’il a pour s’offrir au monde. C’est ce que le conférencier a nommé l’équilibre identitaire de la personne humaine.
Et sur ce chemin de durabilité dans le travail, Monsieur AGOUA a exhorté au travail collaboratif comme une perspective pour être plus fort en étant ensemble. Aussi, les secteurs d’activités qui pourraient dans notre contexte actuel offrir cette perspective durable sont les TICs, la maçonnerie, la plomberie, et surtout le secteur de l’agriculture.
Au terme de la communication, une dizaine de participants sont intervenus pour faire des contributions et/ou poser des questions. Aux interrogations recueillies, des réponses ont été apportées par le communicateur. La rencontre s’est achevée par l’annonce de la prochaine conférence prévue pour le 11 avril 2019.