ATELIER DE REFLEXION ET DE FORMATION DE L’IAJP
EN COLLABORATION AVEC LA FONDATION KONRAD ADENAUER
Thème : « PROMOUVOIR LA JUSTICE ET LA PAIX DANS UN DIALOGUE SOCIAL PERMANENT ET PERSEVERANT »
Date et Lieu : Jeudi 23 avril 2015, Chant d’Oiseau – Cotonou
I. Argumentaire
« Il y a la paix au Bénin », entend-t-on assez souvent dans des échanges formels comme informels. Il est vrai que les armes ne crépitent pas dans notre pays et, de ce point de vue, assurément, l’on pourrait évoquer la présence d’une paix relative. Mais, comme l’enseigne la Doctrine Sociale de l’Eglise (DSE), « la paix n'est pas simplement l'absence de guerre ni même un équilibre stable entre des forces adverses » . Elle est une réalité, fruit d’un contexte social établi, dans un climat de justice sociale certaine. C’est en cela, d’ailleurs, que notre réflexion voudrait prendre en compte, concomitamment, justice et paix. En effet, il s’agit d’un binôme qui marche ensemble. Le Psaume 85, 11 fait le même alliage quand il s’exprime en ces termes : « Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ». Car, la paix sans la justice, si minime soit-elle, réserve des surprises d’une implosion ou d’une explosion sociale tôt ou tard. La justice, quant à elle, bien menée, conduit à la paix. « La paix, précise la DSE, est beaucoup plus que la simple absence de guerre : elle représente la plénitude de la vie » .
A l’analyse, la plénitude de la vie dont il est question suggère, d’une part, un lien intrinsèque entre la paix et la justice et, d’autre part, la gestion qui est faite des rapports humains en termes d’ouverture à l’autre. Sur ce point, le Pape François enrichit notre réflexion : « Quand les leaders des divers secteurs me demandent un conseil, ma réponse est toujours la même : dialogue, dialogue, dialogue » .
En réalité, le dialogue ouvre aux relations sociales dans un contexte qui promeut le pluralisme sans lequel l’humanité serait bien pauvre. De plus, il nous ouvre les uns aux autres pour savoir accueillir le meilleur de l’altérité. Le dialogue est en fait ce par lequel notre humanité s’exprime fondamentalement dans sa diversité plurielle et même complémentaire. Ainsi, priver l’humanité du dialogue, c’est la priver de la richesse qu’est l’altérité. Et d’ailleurs, on ne naît à la vie sociale que quand on est né au dialogue. On se souvient à cet effet de la célèbre la célèbre formule Hégélienne selon laquelle le passage du monologue au dialogue est la naissance de l'homme.
Mais vivre le dialogue n’est pas une entreprise facile, du fait même de la réalité de l’altérité et du pluralisme en contexte social. L’homme étant un "animal politique", le dialogue s’impose comme condition de la vie sociale. L’être-différent ne peut alors être le prétexte de fermeture sur soi ou de fermeture à l’autre. La question de fond est comment réussir à être toujours en dialogue ; et en vertu de quel intérêt le maintenir ? Mon intérêt personnel à préserver ne m’encourage-t-il pas plutôt à des types d’isolationnisme comme expression d’un instinct conservateur de soi ? Mes avantages à sauvegarder ne me poussent-ils pas plutôt à des partis pris ? Comment conjuguer mes intérêts et ceux des autres, surtout quand ils semblent s’opposer sur le front de certaines problématiques ? Et pourtant, la vie sociale s’impose et doit continuer. C’est dans ce questionnement que se perçoit la nécessité de la justice pour la paix, dans un dialogue social ininterrompu.
Ce dialogue, en contexte sociopolitique, est essentiel dans la mesure où les divers points de vue fondent les partis politiques qui s’expriment en projets de société. Une telle pluralité ou un tel pluralisme, tout en étant un problème, est aussi une opportunité car la réalité sociale est bien complexe et a besoin d’être cernée le plus possible dans sa complétude. En cela, être en dialogue sans jamais se décourager est la condition d’une construction de projet de société moins incomplète et donc plus concertée.
En collaboration avec la Fondation Konrad Adenauer, l’Institut des Artisans de Justice et de Paix se propose d’approfondir ces questions à travers un atelier de réflexion et de formation portant sur le thème : « Promouvoir la justice et la paix dans un dialogue social permanent et persévérant ». La rencontre se tiendra le jeudi 23 avril 2015 au Chant d’Oiseau. Elle a une envergure nationale.
II. Les thématiques
Une communication centrale, un panel et des travaux en carrefour constitueront le contenu des réflexions de l’atelier. Il s’agit de :
Communication : La problématique du dialogue entre les intérêts particuliers et le bien commun en contexte démocratique
Axes de recherche proposés : Constatons d’emblée que la réflexion à laquelle invite la présente communication est pluridimensionnelle. Si les intérêts personnels pour la réalisation de soi sont nécessaires, les obtenir et les préserver à tout prix et contre tout, même contre le bien commun, n’est pas une attitude qui devrait aider à encourager le dialogue social. Dans ce contexte, apparaît l’idée du rapport à l’Etat comme patriote soucieux du bien intégral de tout homme et de tout l’homme. Gérer ces paramètres suppose que le dialogue social est continu afin de favoriser l’émergence de la démocratie.
Panel : Justice et Paix au Bénin : Un rêve, un souhait ou une réalité ?
Axes de recherche proposés : Après avoir cerné le contenu notionnel des termes justice et paix, les panélistes pourraient en apprécier leurs déterminants dans le contexte social du Bénin et tenter des réflexions sur des possibilités ou situations nouvelles.
Travaux en carrefour : Au-delà des réflexions et des principes développés dans les échanges, ces carrefours visent à explorer les champs possibles d’actions impliquant toutes les forces vives de la nation en vue de contribuer, ensemble et pour le bien commun, à la construction d’une nation où, davantage, « justice et paix s’embrassent ».
Axes de recherche proposés : La seule thématique qui vise à explorer les actions pratiques sera soumise aux groupes constitués en fonction de leurs corporations et statuts. A titre indicatif, citons : les politiques, les organisations de la société civile, les autorités morales et religieuses, les acteurs en entreprise, les syndicalistes, les cadres de l’administration publique, etc.
Pour approfondir les recherches sur le présent atelier, voir les documents ci-dessous :
1- CONSEIL PONTIFICAL JUSTICE ET PAIX, Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise, n°494.
2- Ibidem, n°489.
3- Cette citation est extraite de la déclaration du Pape François au cours de sa rencontre avec la classe dirigeante du Brésil, en marge des Journées Mondiales de la Jeunesse à Rio de Janeiro, le 27 juillet 2013.