Les conférences sociales mensuelles programmées par l’Institut des Artisans de Justice et de Paix / Chant d’Oiseau (IAJP/CO) en cette année 2021 traiteront d’un sujet d’intérêt majeur : « LES DROITS DE L’HOMME : CHEMIN D’HUMANITE ». Le deuxième thème de cette série de conférences est intitulé : « La question des Droits de l’homme au Bénin, un défi culturel ». Cette conférence, tenue comme d’habitude dans les locaux du Chant d’Oiseau, a été présentée par le Professeur Dodji AMOUZOUVI, Professeur titulaire de sociologie et Directeur scientifique du LARRED. Voici le compte rendu présenté par le modérateur, Monsieur Alex FADONOUGBO.

A la suite de la précédente conférence consacrée à la traite négrière, la rencontre de ce mois a porté sur un sujet tout aussi important : « La question des Droits de l’homme au Bénin, un défi culturel ». Le développement du thème a été assuré par le Professeur Dodji AMOUZOUVI, Professeur titulaire de sociologie et Directeur scientifique du LARRED. Rappelons que la perspective de cette thématique était de relever les expressions et modalités culturelles qui mettent en exergue l’être humain avant d’en faire une analyse critique qui nous mène à la rencontre de nous-mêmes du point de vue du respect des Droits de l’homme et nous fait ouvrir des chemins d’une meilleure gestion de cette fibre sensible d’humanité.

C’est sur cette base de réflexion que le conférencier a émis d’emblée quelques thèses :

  • On ne peut pas aborder la question des droits de l’homme dans une vision générale et indifférenciée mais plutôt dans une perspective historique, contextuée et évolutive.
  • L’homme est à la fois un être de nature et de culture. C’est à la croisée de la nature, de la culture et de la psychologie que s’apprécie l’homme au monde.
  • L’individu isolé n’existe pas. L’homme n’est homme, doté de droit que placé dans une société. Une société qui ne postule pas des droits de l’homme inspirés et soutenus par ses valeurs s’atrophie et disparaît.
  • C’est la culture qui donne sens, usage et pertinence aux droits. En tant que telle, elle est dynamique, évolutive.
  • Il n’y a pas de culture universelle. Il ne saurait y avoir de droits universels de l’homme.
  • Le monde est un village planétaire dans lequel toute marche solitaire sera forcément suicidaire. De la même manière, tout mimétisme ou toute clochardisation le serait davantage.

Approfondissant sa réflexion, le professeur AMOUZOUVI fait observer que la question des droits de l’homme au Bénin ne serait pas un défi, plutôt un déni si l’élément culturel n’est pas dûment pris en compte. En effet, si inspirée au départ par l’idée des droits naturels, l’évolution de la pensée au sujet des droits de l’homme a permis depuis le 19è siècle de fixer plusieurs connotations des droits de l’homme. Malheureusement, poursuit le conférencier, la promotion et la diffusion de ces droits restent largement spéculatives ou inspirées des pratiques culturelles d’ailleurs, faisant très peu cas des pays ou sociétés comme les nôtres. Il en découle la nécessité pour les droits de l’homme d’être pris en charge par l’univers culturel local afin de correspondre aux réalités humaines vécues. Sans cette prise réelle avec les pratiques culturelles endogènes, tout s’apparenterait à une forme de droit qualifié de « prêt-à-porter ». Autrement dit, tout droit doit être ensaché dans la culture. Il ne peut être autrement affirme le conférencier car les droits de l’homme ont aussi une fonction sociale.

Quant à la culture, le professeur AMOUZOUVI la définit comme ce qui est différent de la nature. Elle est ce qui appartient, soude et caractérise un groupe d’individus. Nous sommes ici dans l’ordre de l’apprentissage, de la transmission, de la production et de l’invention ; toute condition que remplissent les droits de l’homme. Ainsi, ajoute-t-il, les droits de l’homme sont la saisie culturelle de dispositions humaines et de valeurs humanistes. De ce point de vue, ils constituent un énorme défi culturel. En tant que tel, contextualisation, emprunts, auto-référentialité, évolution, historicité doivent caractériser les droits de l’homme. Or, conclura le conférencier, toutes ces choses lui semblent absolument contradictoires en l’état actuel des observations.

Dès lors, le combat n’est pas dans la polémique. Il s’agira plutôt de nous affirmer par la cohérence de notre agir en matière des droits humains, partant des données culturelles lucidement examinées à l’aune des défis sociopolitiques, économiques et environnementaux actuels. Par exemple, un programme de déconstruction/reconstruction, débarrassé de tout complexe et qui prenne en charge de manière fonctionnelle et responsable de nos cultures pour les dépoussiérer de manière à séparer le bon grain de l’ivraie, peut être envisagé.

Au terme de l’exposé, les échanges ont permis aux uns et aux autres d’apporter des contributions et de poser des questions pour un meilleur approfondissement du sujet. La séance a été conclue par la contribution, le mot de gratitude au conférencier et au modérateur et la prière conduite par le Père Colbert GOUDJINOU, Directeur de l’IAJP/CO. La prochaine conférence est prévue pour le 25 mars 2021.

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