ATELIER DE REFLEXION ET DE FORMATION DE L’IAJP/CO EN COLLABORATION AVEC LA FONDATION KONRAD ADENAUER ET L’UNIVERSITE D’ABOMEY-CALAVI

SUJET ANNUEL DE REFLEXION de l’IAJP/CO :
« LE TRAVAIL, L’ENTREPRENEURIAT ET LA SPIRITUALITE EN CONTEXTE DEMOCRATIQUE ;TOUT EST LIE »

Thème de l’Atelier : « De l’enthousiasme de la foi à la vérité de l’engagement social pour la jeunesse »
Date et Lieu : Vendredi 31 mai 2019 au Chant d’Oiseau, Cotonou

1. De l’état de la question

De l’enthousiasme de la foi à la vérité de l’engagement social pour la jeunesse, tel est le thème qui focalise notre réflexion pour l’agir citoyen. Ce sous-thème s’inscrit dans la droite ligne du thème d’année qui porte sur « le travail, l’entreprenariat et la spiritualité en contexte démocratique ; tout est lié ». La question de ce lien, de cette cohérence entre l’engagement social et l’apport de la réalité de la foi se pose dans un Bénin et une Afrique si riches d’expressions de la foi, mais à plusieurs égards, si peu ou si mal engagée ! L’on remarque en effet une sorte de clivage entre la foi et la vie. Saint Jacques nous dira : « Montre-moi ta foi qui n’agit pas, moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai ma foi. » (Jc 2, 18). Si la foi demeure une question à lier aux convictions personnelles dans la société laïque, sa pertinence doit se remarquer dans sa capacité à faire faire un lien qualitatif réel au vivre-ensemble. 

Mais en revanche, promouvoir l’athéisme, parce que l’on taxerait la religion « d’opium du peuple », c’est méconnaître une dimension inhérente à toute vie. Là où aucune place n’est faite à la Transcendance, l’on finit par faire du tort à soi-même par son enfermement dans son autoréférentialité. Benoît XVI est clair à propos :

Quand l’Etat promeut, enseigne ou impose, des formes d’athéisme pratique, il soustrait à ses citoyens la force morale et spirituelle indispensable pour s’engager en faveur du développement humain intégral et il les empêche d’avancer avec un dynamisme renouvelé dans leur engagement pour donner une réponse humaine plus généreuse à l’amour de Dieu .

De façon spéciale, dans les milieux où l’on travaille à la culture de l’intelligence des réalités de la vie comme l’université, l’occasion est belle de savoir s’arrêter pour réfléchir sur l’apport attendu de la foi pour un meilleur engagement social. Car une foi authentique ne saurait rester indifférente devant des spectacles où la vie de l’homme ou le vivre-ensemble souffre. 


Si tu aimes Dieu, c’est dans ton engagement au travail que cela peut s’exprimer aussi en vérité. A ce titre, c’est en quelque sorte contradictoire d’être homme de foi et paresseux, car la vérité de la foi se perçoit dans la sincérité de l’engagement. On ne saurait concevoir une authentique éthique religieuse qui ne promeuve pas les valeurs d’une bonne implication sociale. 


A la lumière de ce qui précède, on comprend aussi que les fondamentalismes ou extrémismes religieux sous toutes leurs formes témoignent d’un grand éloignement de l’idée même de Dieu. En prendre conscience peut donner à tous les lieux où s’expriment la foi chez nous une valeur ajoutée en termes d’opportunité d’ouverture à un meilleur engagement en faveur de l’homme. Mais qu’en est-il en réalité ? Où passe l’enthousiasme de la foi que l’on exprime assez souvent dans les différentes assemblées de prière pour que, sitôt que l’on rejoint le comptoir de ses tâches d’homme, l’on soit si indifférent et même méprisant envers l’autre ? Comment se fait-il que la joie du culte dans nos églises, dans nos mosquées, dans nos temples, dans nos synagogues, etc. se mue-t-elle si facilement en un accueil de l’autre parfois si peu fraternel ? De l’enthousiasme de la foi à la vérité de vie d’engagement social se pose aujourd’hui un véritable défi que nous jeunes sommes appelés à affronter rationnellement. La foi qui joue son rôle n’est-elle pas ferment de transformation sociale dans la manière dont le sentir de la foi nous pousse à vivre d’une compassion agissante par notre engagement, notre entreprenariat ?

2. Du contenu de l’atelier


Pour approfondir nos échanges sur ce thème, deux conférences et un panel nous aiderons. Il s’agit de : 


Communication 1 : « Vivre d’une foi incarnée, c’est aussi libérer l’inventivité au service de la vie sociale ».

Axes de recherche proposés : Cette conférence nous permettra de voir comment conjuguer de façon réaliste capacité entrepreneuriale et vécu de la foi. En effet, dans une Afrique si riche de religion, c’est l’occasion de s’interroger sur l’implication sociale de la foi. Aussi le sérieux d’une vie de foi ne devrait-il pas se mesurer à sa capacité de contribuer aux transformations sociales qualitatives ? Sans se muer en une idéologie politique, le réalisme de la foi est dans son attention à tout ce qui touche à la vie de l’homme dans la société. Telle est la dimension de l’incarnation de la foi. De cette incarnation découle conséquemment l’implication sociale qu’elle favorise. On œuvre alors à transformer en opportunités les situations difficiles de la vie quotidienne. La capacité entrepreneuriale que l’on met ainsi en œuvre est fille de l’inventivité où engage une authentique compassion aux nécessités de la vie. N’est-ce-pas cela vivre d’une foi incarnée ? A quoi servirait la foi si elle n’ouvre pas concrètement à cette présence à la vie réelle et aux situations contemporaines ? Que faisons-nous en tant qu’homme de foi (toute obédience confondue) pour ne pas rester indifférents dans l’engagement citoyen qu’exige la foi vécue ? 

Communication 2 : « Le travail pour une authentique promotion humaine. Et moi jeune, quel est mon crédo ? ».

Axes de recherche proposés : Promouvoir l’humanité dans un cadre humain décent et digne de la personne humaine ne peut l’être sans le travail. Au Bénin, on se souvient du dicton populaire : « azɔ w nyi gbtɔ ». La meilleure interprétation de ce dicton met en exergue l’importance indéniable du travail pour la promotion humaine. Le travail n’a rien d’aliénant s’il respecte le repos et les exigences éthiques de la vie de l’homme. On n’oublie pas Max Weber qui s’exprimait ainsi : « Si ton créancier t’entend frapper des coups de marteau à cinq heures du matin ou à huit heures du soir, il repoussera de six mois ton échéance ; mais s’il te voit à la table de billard ou entend ta voix à la taverne à l’heure où tu devrais être au travail, il réclamera son argent dès le lendemain matin et voudra être remboursé avant que tu n’aies réuni la somme. » . Considérant l’importance de cet outil de promotion humaine qu’est le travail, nous comprenons que le prendre en estime, l’organiser et l’exercer à bon escient demeure un enjeu de taille quant à la bonne manifestation de la dignité humaine chez nous. Et moi, jeune, quelle est mon acception du travail ? Suis-je vraiment à la quête de sens dans les milieux professionnels pour imprimer une marque par mon travail ? Comment faire pour que le travail contribue tout autant à l’autosubsistance qu’à un épanouissement humain intégral chez nous ? 

Panel : « De la foi à l’inventivité, comment ? »

Axes de recherche proposés : La foi, entendu comme fides, c’est-à-dire lien, nous met en relation avec la Transcendance et avec la réalité qui nous entoure. Une authentique foi ne peut donc se développer sans lien à la réalité. Ce lien à la réalité nous fait vivre d’une compassion agissante, si notre foi est incarnée. Cela entraîne une réelle présence à la vie grâce au sentir de la foi. Dans le contexte judéo chrétien, on se souvient de l’Exode où l’on dépeint Dieu en langage anthropomorphique : « J’ai vu la misère de mon peuple en Egypte, … et maintenant, je t’envoie, va libérer Israël mon  peuple. » (Ex 3, 7-10). Notre humanité aimant un Dieu profondément humain ne saurait être authentique si elle n’éprouve une vraie compassion qui se traduise aussi dans l’implication et l’entreprenariat. Que fais-je pour ne pas me laisser aux vendeurs de doctrines et aux marchands d’illusions ? L’université devient-elle pour moi, une école d’exercice de la rationalité pour penser la vie en gammes réalistes d’engagement personnel et en équipe ? Ce panel a pour but de susciter la réflexion pratique sur cette dimension de la foi qui agit ; la foi qui sait vivre de compassion, qui entraîne à l’action, à la créativité. Une foi qui libère l’inventivité et nous rend collaborateurs pour une vie sociale plus décente et digne de l’homme. Trois acteurs engageront le débat : un jeune, un entrepreneur et un formateur. 

Cotonou, 10 avril 2019 

Abbé Colbert GOUDJINOU 


1- WEBER, M., L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Edition Flammarion, Paris 2009, 38. de l’I.A.J.P. / C.O. 

Pour approfondir, ci-dessous, les documents joints : 

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