Thème Général : 
« LES DROITS DE L’HOMME : CHEMIN D’HUMANITÉ »

LES CONFERENCES SOCIALES MENSUELLES DE L’IAJP 
ANNEE 2021

1. ETAT DE LA QUESTION

L’année 2020 a été l’occasion pour nous de chercher à approfondir la question de « l’engagement citoyen en contexte démocratique ». Dans le droit fil de cette question émerge aussi celle du respect « des Droits de l’homme » dans la société, pour une démocratie au service de l’homme total. C’est du moins la question sur laquelle il nous importe de réfléchir au long de l’année 2021. Une image illustrative de l’importance de ce sujet a été la brulante actualité de l’assassinat de George Floyd (18 mai 2020 à Sarasota en Floride) qui a provoqué une vague de manifestations dans diverses villes par le monde. La question des Droits de l’homme mérite que l’on s’y arrête quand on sait que dans bien des contextes de la vie sociale mondiale et béninoise en particulier, elle nous interpelle. Elle renvoie à diverses formes de traitements de l’homme qui appellent notre sens de l’humanité. Les Droits de l’homme engagent cette dimension imprescriptible de l’être de chacun. Ils impliquent autant l’aspect intrinsèquement interdépendant de nos vies que ce droit qui ne correspond à aucune chose matérielle et qui est de l’ordre de notre être. Ils se fondent sur ce sens indéracinable que la vie de l’homme doit être respectée, pour emprunter ces mots de Charles Taylor au sujet de la dignité de l’homme. 

Ce droit d’être ou d’exister que sont les Droits de l’homme est comme le fondement et la garantie de pérennisation de l’espèce humaine. L’être en contexte culturel béninois fait appel à cette dimension nécessairement sociale au point où, sachant que nous sommes aussi par le biais des autres, nous ne saurions entrer dans une violation de leur personne sans violer ainsi par le fait, notre propre humanité. Car toute violence au prochain exprime notre manque d’humanité. En effet, « une personne est une personne à travers d’autres personnes », pour reprendre ces mots se déduisant de la charte de Mandé (1222). 

Travailler à la question des Droits de l’homme nous engage sur plusieurs fronts de la vie sociale, depuis les droits civils jusqu’aux droits politiques. Et quand on parle de droits civils, on parle :

  • du droit à la vie, à la liberté, à la sécurité personnelle ; 
  • d’absence d’esclavage et de torture, d’égalité devant la loi, d’absence d’arrestations arbitraires, d’absence de détention ou d’exil ; 
  • de droit à un procès équitable ; 
  • de droit de propriété ; 
  • de droit de participation politique ; 
  • de droit aux libertés fondamentales de pensée, de conscience et de religion, d’opinion et d’expression ;
  • de liberté de réunion et d’association pacifiques ; 
  • de droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par l’intermédiaire de représentants librement choisis. 

Telle est l’idée qu’en donne l’UNESCO. Quant aux Droits de l’homme liés à la vie politique, au sens de vie dans la cité, ils sont économiques, sociaux et culturels, tels le droit au travail, le droit à un salaire égal pour un travail égal, le droit de fonder des syndicats et de s’affilier à des syndicats, le droit à un niveau de vie suffisant, le droit à l’éducation ; et la liberté de la vie culturelle.

Au Bénin, certaines situations historiques comme celle de la traite négrière et toutes les formes nouvelles d’exploitation de l’homme par l’homme en font prendre conscience. L’enjeu de revenir à la question est l’avantage que l’on a à pouvoir transmettre une conscience qui sache, de façon pratique, exprimer dans les relations concrètes de la vie de chaque jour : plus jamais d’atteinte à la dignité d’un frère humain ! Mais où en sommes-nous dans la réalité ? Quels sont les nouveaux défis aux Droits de l’homme dans la société béninoise ? Comment progressivement et sûrement continuer à y remédier ?

C’est au regard de ce questionnement que la thématique annuelle est intitulée : « LES DROITS DE L’HOMME : CHEMIN D’HUMANITÉ ». Au programme, nous aurons sept conférences sociales mensuelles comme cadre d’approfondissement de nos échanges.

2. THEMATIQUES DES CONFERENCES MENSUELLES

Les conférences sociales mensuelles sont ouvertes à tous pour la formation citoyenne. Elles conservent leur forme habituelle de deux heures d’échanges autour de trois principaux volets.

2-1. Volet 1 : Historicité de la question des Droits de l’homme

Dans l’histoire béninoise se distinguent au moins trois phases : la période d’avant la colonisation, l’époque coloniale et l’accession à la souveraineté nationale. Une phase particulièrement critique a été celle du choc colonial. C’est ce que nous examinerons principalement dans ce volet.

  • 1er thème : La traite négrière, un défi historique d’humanité : leçons et perspectives pour notre génération. (21 janvier 2021) 

Deux tentations peuvent nous guetter : effacer les pages négatives du passé ou nous y enfermer. Le citoyen responsable est celui qui n’entre pas dans ce rapport morbide ou déséquilibré avec le passé mais sait en tirer leçon pour la construction du présent. Rappeler les pages inédites de la traite négrière contre les Droits de l’homme, en donner une conscience vive et en déduire des repères sûrs pour le présent et le futur, tels sont les objectifs de cette conférence. Loin d’exacerber des tensions raciales, une telle visite des pages de l’histoire doit éveiller au meilleur de l’humanité. La quête de l’humanum, voilà la finalité que l’éducation doit porter à rechercher pour faire marcher chaque génération en compagnie de l’homme et de tout homme.

2-2. Volet 2 : Quelques repères de la question des Droits de l’homme au Bénin

Après avoir situé une question historique cruciale comme celle de la traite négrière, il nous importe de voir l’actualité des Droits de l’homme au Bénin. Deux thèmes serviront à l’exploration de ce volet :

  • 2è thème : La question des Droits de l’homme au Bénin, un défi culturel. (18 février 2021)

Un examen de bien de nos pratiques culturelles manifeste l’importance accordée à chaque être humain. Relever les expressions et modalités culturelles qui le mettent en exergue peut nous occuper en un premier temps dans cette réflexion. Mais, par-delà les valeurs culturelles promouvant l’humain dans son intégralité, bien des pratiques heurtent aussi les sens : les enfants dits sorciers, les enfants malformés appelés « tohossou », etc. En être conscient, les relever pour savoir les affronter courageusement nous engage sur la voie d’une authentique humanité. Loin de rejeter en bloc nos pratiques culturelles, si cette conférence peut nous mener à la rencontre de nous-mêmes du point de vue du respect des Droits de l’homme et nous faire ouvrir des chemins d’une meilleure gestion de cette fibre sensible d’humanité à laquelle la question appelle, nous aurions atteint un objectif essentiel de cette réflexion.

  • 3è thème : La question des Droits de l’homme dans la Constitution du 11 décembre 1990 et leur application. (25 mars 2021) 

Le citoyen s’assume au mieux en connaissant les textes fondateurs du régime politique qui accompagne et gère la vie sociale de son pays. Dans ce sens, c’est aider au mieux à faire contribuer les citoyens béninois que de leur donner de connaître leur Constitution et l’esprit des Droits de l’homme qui l’a pétrie. Ainsi, en acteurs conscients et responsables, ils peuvent en vivre et le promouvoir. On réhabilite ainsi la primauté de l’éthique au service du vivre ensemble où l’homme et l’humain ont toute leur place. Ce débat est revitalisant pour une démocratie de promotion des valeurs au Bénin.

2-3. Volet 3 : La société béninoise au regard du respect des Droits de l’homme

Plusieurs aspects des Droits de l’homme sont abordés. Mais comment cela s’applique-t-il dans la réalité ? Différentes thématiques impliquant des champs sociaux des Droits de l’homme seront ici prises en compte.

  • 4è thème : Amélioration de la situation des « vidomègon », un challenge de la société béninoise. (22 avril 2021)

L’honneur d’être une société démocratique est une charge que l’on assumerait au mieux en affrontant toute forme de question liée au respect des Droits de l’homme. Une situation dont bien des ménages jouissent et par rapport à laquelle ils développent un silence sans doute coupable est la situation des enfants placés. Si elle a pu être une occasion de donner un avenir à bien des enfants, dans bien des cas, elle interpelle sur le respect des Droits de l’homme et notre sens d’humanité. Comment comprendre que dans une même maison, des enfants ayant à peu près le même âge soient traités si différemment selon qu’ils sont « enfants légitimes » ou « enfants placés » ? Nous faire une idée assez profonde de la situation et œuvrer à remettre l’homme dans ses droits dans la pratique, tel est l’objectif que cette conférence se donnera d’atteindre.

  • 5è thème : Le respect des Droits de l’homme dans le monde carcéral béninois. (27 mai 2021)

Les prisons sont, dans la société, des lieux pénitentiaires pour purger les peines et en principe apprendre à nouveau à se discipliner pour le vivre ensemble. Humaniser nos prisons, c’est offrir des garanties d’une possible réintégration sociale à des délinquants. Mais que deviennent nos prisons dans la plupart des cas ? Quelles y sont les conditions de vie ? Honorent-elles la dignité de l’homme ? N’est-ce pas travailler à une société béninoise meilleure que d’humaniser davantage nos prisons ? Qu’est-ce qui est possible devant le tableau des récidivistes et obstinés dans des pratiques asociales ? Quelle espérance est permise pour la transformation de nos prisons ? Quel plaidoyer lucide pour le respect de la justice et des Droits de l’homme ?

  • 6è thème (panel) : Le défi culturel de la condition féminine : Regard sur l’implication de la femme béninoise dans la Cité (24 juin 2021)

La dimension féminine de la société béninoise fait expérimenter bien des qualités. Dans certains de nos milieux culturels, elle est tellement en avant-garde qu’on la voit sur les fronts où les hommes sont plus communément attendus. Un regard sur la femme en milieu Adja, quant aux activités champêtres, à Djougou et à Savalou quant aux activités commerciales par exemple en dit long. Mais si la charge qu’elles portent du foyer est remarquable, on est tout de même conscient qu’elles soient bien souvent aussi objet de discrimination. Analyser cette situation sociologique nous donne de mettre en lumière l’indice de l’implication de la femme et le droit d’une plus grande responsabilisation en société. Loin des discours de revendication, le fait d’un changement de regard et de pratique doit voir le jour. Les Droits de l’homme quant à la condition faite à la femme en sortiraient grandis. 

  • 7è thème : La problématique du droit à l’éducation au Bénin. (21 octobre 2021)

Un élément important des Droits de l’homme demeure le droit à l’éducation et, précisément, à l’éducation de qualité pour laquelle l’on se donne les moyens. Comment le principe se traduit-il dans la réalité au Bénin ? Si l’on sait que la qualité de vie d’une nation dépend intrinsèquement de son système éducatif, l’humanité et la pertinence dudit système se mesurent à l’importance qu’on lui accorde. A l’examen, que révèle le système éducatif béninois ? Le Conseil National de l’Education récemment mis en place permet-il d’en assumer les enjeux ? A l’ère des cantines scolaires, un pas significatif du souci plénier de l’homme est fait pour offrir des conditions tenables à l’éducation. Comment gagner ce combat de l’éducation, la meilleure possible pour tous, en relevant constamment le défi de les rendre aptes à embrasser une vie professionnelle ? 

Fait à Cotonou, le 21 septembre 2020

Abbé Colbert GOUDJINOU

Directeur de l’I.A.J.P./ C.O.  

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