Au sujet de la paix sociale
Nous référant au Magistère du Pape François entre autres, nous accueillons ces mots fort réalistes : « La paix sociale ne peut pas être comprise comme un irénisme ou comme une pure absence de violence obtenue par l’imposition d’un secteur sur les autres »[1]. C’est en ces termes que la question de l’intégration sociale des pauvres se pose. Construire la paix sociale revient alors à faire en sorte que les conditions se créent pour la prise en compte de tous au mieux. Cela implique une présence les uns aux autres dans la société. C’est un combat pour la dignité de chaque personne et ce combat réussit dans la seule mesure où l’on ne se donne pas la paix, tant que l’un de nos frères humains demeure en situation. Ceux qui bénéficient des avantages de la vie n’oublient pas ceux qui sont moins pourvus qu’eux et ceux qui vivent dans une certaine pauvreté ou une pauvreté certaine ne se croisent pas les bras sans rien faire pour mettre à l’honneur la dignité humaine dont ils sont revêtus.
La paix sociale, précise au mieux François, « ne se réduit pas à une absence de guerres, fruit de l’équilibre toujours précaire des forces »[2]. C’est la forme de paix de la période historique de la guerre froide. Une telle paix, absence de guerre n’en est pas une. Elle couve des violences insoupçonnées et une promptitude à l’embrasement inimaginable. Elle n’est pas fondée sur des cœurs pacifiés moins encore sur une authentique communion entre les personnes ni sur leur collaboration dans le corps social.
La vraie paix repose sur un développement de tout homme et de tout l’homme. Là où elle se développe, les hommes peuvent, en citoyens responsables, prendre leur part dans un engagement réel en faveur de soi et de la vie sociale. Cet engagement n’est pas facultatif quand on sait que tout est lié et que l’engagement « politique » pour tous, au sens premier du terme (politique), n’est pas optionnel pour une société qui tienne.
La vraie, l’authentique paix sociale, est donc une construction lente et progressive pour une majeure intégration des personnes et des sociétés dans un réseau de relations où la dignité de chaque personne et des peuples est garantie. Cela induit une culture de la rencontre et du respect, mieux de la considération de l’altérité pour une épanouissante harmonie sociale. Voilà de quelle entreprise provient la paix sociale. Y tendre, marcher consciemment vers sa réalisation est l’œuvre qui vaille pour chacune de nos existences.
Père Colbert GOUDJINOU
Directeur de l’IAJP/CO
[1] FRANCOIS, Exhortation Apostolique Evangelii Gaudium, n°218.
[2] FRANCOIS, Exhortation Apostolique Evangelii Gaudium, n°219.