Le tout est plus grand que la partie
Le recours à la dimension sociale de la foi, telle que le pape François le développe dans La joie de l’Evangile, nous ouvre à cette vérité profondément évangélique : le tout est supérieur à la partie. C’est une manière d’exprimer le fait que « la bonté du Seigneur est pour tous et sa tendresse pour toutes ses œuvres » (Ps 144, 9). La conscience du fait que le tout est supérieur à la partie aide à unifier la tension qui « se produit entre la globalisation et la localisation »[1], pour reprendre les mots de François lui-même.
Agir en acteur social conscient du fait que le tout est plus grand que la partie, c’est gérer le quotidien, conscient des enjeux et problématiques qui l’engagent en l’intégrant à toutes les dimensions de la réalité. On n’est donc pas dans une « mesquinerie » de vision de la réalité. Le regard ne confond pas l’arbre à la forêt. On sait lucidement faire la part des choses. L’on ne vit pas d’une sorte d’enfermement qui fasse perdre le lien nécessaire entre les choses de la vie. L’on sait accueillir la dimension totalisante des choses dans le particulier enrichi de son lien harmonique au tout. Ce lien essentiel à la réalité enrichit le particulier qui intègre de façon enrichissante le tout.
Le tout est aussi cerné dans une logique d’incarnation, en tant qu’il est lien et articulation des parties de la réalité. La conscience du tout permet l’élargissement du regard pour nous élever au-dessus de toute parcellisation appauvrissante de la réalité. Il n’est ni évasion ni déracinement de la réalité particulière, mais lien intrinsèque entre les choses de la vie pour les appréhender dans une logique intégrative, consciente que tout est lié.
L’implication sociale de la foi, à partir du principe que le tout est supérieur à la partie, se ressent non dans les avatars de la globalisation, mais dans la manière dont les personnes de toute catégorie et les pauvres y ont leur place. Car la joie de Dieu, « c’est qu’aucun de ses petits se perde » (Mt 18,14).
Intégrer le principe de discernement selon lequel le tout est supérieur à la partie, c’est en définitive échapper à l’emmurement dans le particulier tout autant qu’à la dilution dans l’universel. C’est être comme le Bon Pasteur qui sait laisser quatre-vingt-dix-neuf brebis pour aller à la recherche de l’unique qui s’est perdue afin de la réintégrer à l’ensemble du troupeau. Tel est le regard personnaliste et le lien intrinsèque entre le tout et la partie que le regard de la foi fait avoir en logique chrétienne. Chacun devient alors une chance d’enrichissement du tout et le tout est le lieu d’épanouissement du lien intrinsèque entre les parties. C’est l’universel concret qu’est le Christ, quand on l’appréhende dans toute la richesse de la révélation.
Père Colbert GOUDJINOU
Directeur de l’IAJP/CO
[1] FRANCOIS, Evangelii Gaudium, n°234.