RAPPORT DE LA CONFÉRENCE SOCIALE MENSUELLE DE L’I.A.J.P. DU 18 JANVIER 2018
THEME N°1 : « La participation citoyenne en contexte démocratique : un effort d’intégration au cosmos »

Il a été animé le jeudi 18 janvier 2018 dans la grande salle de Conférence du Chant d’Oiseau de 19h30 à 21h30. Au début de la séance, le Révérend Père Directeur de l’IAJP/CO, l’Abbé Colbert GOUDJINOU, prit la parole pour livrer un mot de bienvenue à l’assistance avant de rappeler l’intérêt pour l’Institut d’organiser une série de communications sur le thème général « La conscience démocratique : devoir de citoyenneté écologique intégral ». Il s’agit globalement de favoriser l’éducation du public pour une culture environnementale plus accrue. La personne ressource invitée pour développer ce premier thème est Monsieur Vincent AYENA, Maître de Conférences, Enseignant-Chercheur de Philosophie à l’Université d’Abomey-Calavi. La problématique de sa communication a été déclinée dans ses propos introductifs relativement au fait que l’harmonie du cosmos existait depuis 4,5 milliards d’années quand l’homme, en tant que homo sapiens, fit son apparition, il y a seulement 180 000 ans mais que ce dernier, par ses différentes activités, notamment l’agriculture, a façonné progressivement la face de la terre et perturbé cette harmonie cosmique originelle. Les différents sommets consacrés à la crise écologique de notre planète attestent, tous, la prise de conscience de l’acuité de la situation que les spécialistes attribuent fondamentalement aux activités anthropiques. Finalement, face à cette nouvelle donne, comment est-il possible d’attendre du citoyen un comportement écologiquement viable dans un monde régenté par la logique de la production et de la consommation ?
En 45 minutes, il a présenté le contenu de sa réflexion en quatre points clés :
- 1.Les rapports entre la démocratie et les problèmes environnementaux. En livrant un procès contre le régime démocratique, il a expliqué en quoi celui-ci ne favorise pas la résolution de ces problèmes. Pour le conférencier, le développement de l’économie de marché, lié à l’avènement de la démocratie, a libéré la violence humaine à l’égard du cosmos. Celle-ci a finalement conduit au « trafic de la nature » où chacun, emporté par l’appât du gain, est aujourd’hui en situation de commerçant, de marchand permanent. On ne tient plus désormais compte de la parcimonie qui était le leitmotiv des sociétés anciennes. Chacun se comporte comme si le temps avait suspendu son envol, comme si les instants vécus étaient les derniers. On passe ainsi de l’exploitation parcimonieuse dont le souci était la préservation des différentes espèces, à une exploitation totale et sauvage. C’est pourquoi, poursuit le conférencier, les sociétés démocratiques et la démocratie elle-même, en tant que système, sont confrontées à des défis écologiques majeurs : changement climatique, dégradation de la biodiversité, pollution, raréfaction des ressources naturelles, etc.
- 2.Le cosmos à l’épreuve de la modernité. A n’en point douter, la vogue démocratique et sa culture d’ouverture sur toutes les dimensions humainement possibles a tôt fait de marquer négativement le cosmos, univers considéré comme un système bien intégré où chaque espèce a sa place. Monsieur AYENA fait remarquer que la nature ou l’environnement n’est plus ce que l’on ne peut toucher, sinon avec un infini respect, ou encore transformer, mais avec beaucoup de prudence. Elle est devenue un objet manipulable, un objet entre les mains d’un sujet pensant radicalement séparé de la nature elle-même. Dès lors, la réalisation de la vocation humaine sera d’autant plus accomplie que l’homme aura soumis la nature, forcé celle-ci à lui livrer ses secrets. Lentement, la nature cesse d’avoir sa propre valeur pour ne plus représenter qu’une valeur d’usage, une fonction utilitaire. Ce faisant, dans cette dualité homme-nature, la modernité affirme l’homme comme valeur et réduit la nature à l’état de chose pour définitivement installer un rapport purement économique. A terme, ce rapport mercantile de l’homme à la nature traduit la scission désormais instaurée entre les deux entités. Par la puissance acquise de la science et de la technique modernes, l’homme s’emploie tous les jours à s’affranchir de la nature pour se définir, en dernière analyse, comme un être d’antinature, au mépris même des leçons de l’écologie.
- 3.Les leçons de l’écologie que l’Homme devrait comprendre et s’approprier. Faisant partie intégrante du cosmos et y vivant, si l’Homme veut s’y maintenir, il est appelé à prendre conscience de la communauté qui l’unit à l’ensemble des vivants. Dans la mesure où, dans le cosmos, tout est lié au sein d’une hiérarchie vivante, l’activité humaine doit être elle-même envisagée de manière systémique pour contribuer à la promotion de la vie.
- 4.La responsabilité de l’Homme. A cette dernière étape, il convient de noter que le conférencier a évoqué une première responsabilité historique inspirée de Genèse 2, 15 où il revient à l’Homme de garder le jardin (autrement dit, à maintenir, à sauvegarder la création, à ne rien détruire et, en particulier, à préserver la vie sauvage) et à le cultiver (c’est-à-dire à l’exploiter, à le faire fructifier et ainsi à contribuer à l’achèvement de la création). La seconde responsabilité, dite « nouvelle » est celle selon laquelle la préoccupation essentielle de l’Homme est la sauvegarde de l’environnement dans toutes ses composantes afin d’assurer la survie de l’humanité.
Quelques approches pratiques de solutions ont été examinées avec l’assistance et précisées durant les débats assez riches où des commentaires, apports et questions ont été posées. Dans la phase conclusive des travaux, le Père Colbert, après avoir exhorté le public à une vie plus cohérente dans le soin accordé à son cadre de vie immédiat, a donné quelques informations notamment la prochaine conférence prévue pour le 15 février 2018, avant la prière finale et la bénédiction. Un rafraîchissement a servi de cadre fraternel pour approfondir les échanges à bâtons rompus.